Le Maroc figure parmi les dix pays africains appliquant les taxes les plus faibles dans le secteur du transport aérien, selon le dernier rapport de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa). Classé 8ᵉ pour les vols internationaux et 6ᵉ pour les liaisons intra-africaines, le royaume confirme son choix d’une fiscalité modérée comme levier stratégique pour renforcer sa compétitivité et son rôle de carrefour régional.
D’après le rapport 2024 de l’Afraa, les passagers partant d’un aéroport marocain vers l’étranger s’acquittent en moyenne de 25,1 dollars de taxes, tandis que les vols vers d’autres pays africains coûtent en moyenne 18,7 dollars. Ces montants placent le Maroc bien en dessous de la moyenne continentale, souvent grevée par des frais qui entravent la mobilité aérienne, notamment entre pays africains. Rabat fait ainsi partie d’un cercle restreint de pays encourageant la circulation intra-africaine, au même titre que la Tunisie, la Libye ou encore l’Algérie.
Dans un continent où la connectivité aérienne est encore morcelée, le Maroc fait figure d’exception. La plupart des États africains imposent des taxes élevées, reflet d’un cadre réglementaire souvent vétuste et d’un manque de coordination continentale. Cette situation nuit directement à la mise en œuvre d’un marché aérien commun. L’Afraa alerte sur l’urgence d’une réforme structurelle, pointant du doigt les écarts de traitement fiscal qui freinent l’émergence d’un espace aérien intégré.
La politique fiscale avantageuse du Maroc dans le secteur aérien n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer les échanges économiques et humains avec l’Afrique subsaharienne. Ce positionnement est porté par des institutions comme l’Office national des aéroports (ONDA) et la compagnie Royal Air Maroc (RAM), dans un contexte de libéralisation progressive du ciel africain. Rabat mise sur cette dynamique pour consolider son rôle de plateforme régionale entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et l’Atlantique.
Alors que l’Union africaine promeut des initiatives structurantes telles que la Zone de libre-échange continentale (ZLECAf) ou le Marché unique du transport aérien africain (MUTAA), la position du Maroc apparaît en cohérence avec ces projets d’intégration. En misant sur une fiscalité compétitive, le royaume anticipe l’ouverture du marché africain et tente de s’y ancrer comme acteur incontournable. Une orientation qui pourrait porter ses fruits à moyen terme, à condition que le reste du continent suive.
À l’autre bout du spectre, des pays comme le Nigeria, Djibouti ou le Gabon appliquent des frais parmi les plus élevés pour les vols internationaux, tandis que la Guinée, le Bénin ou la RDC figurent parmi les plus coûteux pour les trajets intra-africains. Ce déséquilibre accentue la fracture entre États moteurs de la connectivité régionale et ceux qui restent englués dans des logiques de rentabilité à court terme, au détriment d’une vision continentale.