Donald Trump a annoncé jeudi un décret visant à démanteler le ministère de l’Éducation des États-Unis, une mesure attendue et saluée par une partie importante de la droite américaine. Cette décision fait écho aux promesses du président lors de sa campagne, dans lesquelles il avait exprimé son souhait de réduire l’État fédéral et de transférer les responsabilités éducatives aux États. Le décret, selon les informations de Politico, enjoindra la ministre de l’Éducation, Linda McMahon, de prendre toutes les mesures nécessaires pour fermer le ministère, bien que certains programmes clés, comme les bourses et les financements pour les écoles défavorisées, seront maintenus.
Ce démantèlement s’inscrit dans la logique plus large de l’administration Trump visant à réduire les dépenses publiques, en particulier celles jugées inutiles ou redondantes. L’objectif est de transférer les pouvoirs relatifs à l’éducation aux États, qui disposent déjà d’une large autonomie en la matière. En effet, si le rôle du gouvernement fédéral reste limité en matière d’éducation, les subventions destinées aux écoles des zones économiquement défavorisées représentent un aspect crucial du financement des établissements publics à travers le pays. Le décret devrait également entraîner une réduction significative du personnel fédéral, avec le licenciement de près de la moitié des employés du ministère, comme annoncé en mars.
Le démantèlement du ministère de l’Éducation n’est pas une décision isolée, mais un aboutissement de la politique menée par les républicains depuis des décennies. Ce groupe de pression conservateur milite depuis longtemps pour une décentralisation des pouvoirs en matière d’éducation, estimant que les États devraient avoir plus de latitude pour gérer leurs propres systèmes scolaires sans l’intervention de l’État fédéral. Le contexte actuel, marqué par une majorité républicaine au Sénat, facilite l’adoption de cette mesure, bien qu’elle nécessite l’approbation d’une loi spécifique pour être pleinement exécutée. L’administration Trump semble déterminée à utiliser toutes les voies possibles pour mettre en œuvre ce projet, y compris en contournant certaines résistances législatives.
La fermeture du ministère de l’Éducation ne sera pas immédiate, car elle dépend de la réussite de l’adoption d’une loi par le Congrès. Toutefois, l’impact de cette décision se fera sentir sur le long terme, notamment dans les secteurs les plus fragiles de l’éducation américaine. Les programmes de financement fédéraux, essentiels pour les écoles situées dans des régions à faible revenu, pourraient être réduits, voire réorientés vers des initiatives privées ou locales. Ce mouvement vers une gestion locale accrue pourrait également entraîner des disparités croissantes entre les États en termes de qualité d’éducation, exacerbant les inégalités sociales et économiques déjà existantes.
La réaction à cette décision ne s’est pas fait attendre. De nombreux élus démocrates, syndicats d’enseignants et parents d’élèves ont exprimé leur indignation, voyant dans ce démantèlement une attaque directe contre l’enseignement public. Les critiques soulignent que la fermeture du ministère pourrait nuire aux élèves des quartiers les plus défavorisés, pour lesquels les subventions fédérales sont un soutien crucial. Ils redoutent également une montée en puissance des écoles privées et charitables, au détriment de l’éducation publique. Les défenseurs de l’enseignement public craignent également que cette décision n’ouvre la voie à une influence plus forte des idées conservatrices dans le système éducatif, notamment à travers des programmes favorisant la diffusion de certaines valeurs idéologiques.
Au-delà des enjeux éducatifs, cette décision révèle une fracture profonde dans la société américaine. Tandis que les conservateurs voient dans ce démantèlement une opportunité de rendre l’éducation plus efficace et moins bureaucratique, les opposants considèrent que cela représente un renoncement aux responsabilités fédérales vis-à-vis des citoyens les plus vulnérables. Les débats sur l’éducation, déjà polarisés, pourraient se renforcer à l’approche des prochaines élections, chaque camp utilisant cette question pour mobiliser son électorat. Dans ce contexte, l’avenir de l’éducation aux États-Unis semble dépendre d’un équilibre fragile entre réforme idéologique et pragmatisme économique.