L’arrestation de l’avocat tunisien Ahmed Souab, âgé de 70 ans, le lundi 21 avril, a suscité de vives réactions en Tunisie, avec des accusations de dérive judiciaire. L’avocat a été placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction le 23 avril après une perquisition à son domicile. Plusieurs chefs d’accusation, dont certains en lien avec la loi antiterroriste, pèsent contre lui, en raison de déclarations qu’il aurait faites après le procès du complot contre la sûreté de l’État.
Les proches d’Ahmed Souab dénoncent fermement cette arrestation, qu’ils considèrent comme un acte politique. Lors d’une conférence de presse organisée au syndicat des journalistes, le fils et le frère de l’avocat ont exprimé leur indignation. Selon eux, l’arrestation découle d’une vidéo dans laquelle Souab utilise une métaphore et un geste pour dénoncer l’absence d’indépendance de la justice dans le cadre du procès politique relatif à l’affaire du complot contre la sûreté de l’État. Pour Saeb Souab, son fils, les accusations de terrorisme sont dénuées de fondement, considérant que le seul motif de l’arrestation semble être ses propos critiques envers le système judiciaire.
Le contexte juridique et politique de l’affaire a également alimenté les tensions. Selon la famille de l’avocat, cette arrestation ne repose sur aucune preuve tangible. Saeb Souab a insisté sur le caractère arbitraire de l’arrestation : « On arrête d’abord la personne, puis on perquisitionne. Si on trouve quelque chose, on verra, mais tout cela semble se faire au hasard », a-t-il déclaré. Cette procédure judiciaire controversée a ainsi créé une atmosphère de méfiance et de polarisation au sein de la société tunisienne.
L’arrestation d’Ahmed Souab n’est pas sans conséquence sur le plan politique. Elle a déclenché une vague de solidarité au sein de plusieurs organisations de la société civile et des syndicats. La centrale syndicale UGTT, traditionnellement discrète sur le plan politique ces derniers mois, a exprimé son soutien à l’avocat. Le frère de l’avocat, Mongi Souab, a souligné que cette arrestation est perçue comme une faute grave des autorités. Il a insisté sur le fait qu’Ahmed Souab jouit d’une large popularité, ayant su regrouper de nombreux Tunisiens autour de ses idées, et que tous les partis politiques ont manifesté leur soutien à sa cause.
Les perspectives de cette affaire restent incertaines. L’opposition politique et les organisations de la société civile ont lancé un appel à manifester ce vendredi pour exiger la libération de l’avocat et protester contre ce qu’elles considèrent comme une instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Cette mobilisation pourrait avoir un impact significatif sur l’évolution de l’affaire, en mettant une pression accrue sur les autorités tunisiennes.
L’affaire Souab s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de l’indépendance de la justice en Tunisie. Ces événements soulignent les divisions au sein du pays sur la question de la gouvernance et de la liberté d’expression. L’arrestation d’un avocat aussi respecté pourrait également avoir des répercussions sur la perception internationale de la situation politique en Tunisie, où les tensions entre le gouvernement et la société civile semblent s’intensifier.