En Tunisie, le mouvement d’opposition du Front du salut national a déclaré qu’il ne présenterait pas de candidat à la prochaine élection présidentielle prévue cet automne. La coalition, qui comprend des personnalités de la gauche ainsi que d’anciens membres du parti islamiste Ennahdha, qualifie l’élection de « comédie électorale », soulignant une mise en scène démocratique plutôt que des élections justes et libres.
Cette décision du Front du salut national survient après une profonde réflexion sur les conséquences de leur participation ou absence aux élections. Le mouvement affirme que les conditions actuelles ne permettent pas une concurrence loyale et ouverte, faisant écho aux craintes que leur participation ne légitime un processus qu’ils estiment fondamentalement vicié.
Le contexte politique en Tunisie reste extrêmement tendu, avec des enjeux importants. Ahmed Nejib Chebbi, président du mouvement et opposant historique aux anciens régimes de Bourguiba et Ben Ali, se positionne aujourd’hui contre le président actuel, Kaïs Saïed. Ce dernier, sans confirmer sa candidature, a plusieurs fois exprimé son intention de ne pas céder le pays à ceux qu’il considère comme des « traîtres ».
Le Front du salut national adopte une posture de principe en refusant de participer à l’élection. Cette décision est également influencée par le fait que deux figures majeures du mouvement sont toujours emprisonnées, arrêtées il y a plus d’un an pour des accusations de complot contre la sûreté de l’État. Ces détentions, qualifiées d’« arbitraires » par Amnesty International, montrent les risques encourus par les opposants au régime de Saïed.
Le choix de boycotter l’élection pourrait avoir des répercussions sur la visibilité et l’influence du Front du salut national dans le paysage politique tunisien. Cependant, il affirme également la position de force et d’intégrité du mouvement face à un scrutin qu’il ne considère pas comme légitime.
Les conséquences de ce boycott sont encore incertaines, tant pour le Front du salut national que pour la scène politique globale en Tunisie. Les analystes surveillent de près cette évolution, qui pourrait soit marginaliser le mouvement soit renforcer son statut de principale force d’opposition au régime actuel, en fonction des développements futurs et de la réaction du peuple tunisien.