Le vendredi 25 avril, entre 2 000 et 3 000 personnes se sont rassemblées à Tunis pour manifester leur soutien à l’avocat Ahmed Souab, arrêté quelques jours plus tôt en vertu de la loi antiterroriste. Cette arrestation fait suite à ses déclarations dénonçant le manque d’indépendance de la justice tunisienne, particulièrement lors du procès lié à l’affaire du « complot contre l’État ». Les manifestants ont exprimé leur solidarité, tout en s’attaquant ouvertement au système judiciaire du pays ainsi qu’à la politique du président Kaïs Saïed.
La foule, nombreuse pour un rassemblement d’opposition, a scandé des slogans dénonçant les dérives du régime et la répression de toute voix dissidente. Présent parmi les manifestants, l’avocat Ayachi Hammani a souligné que l’arrestation de Souab n’était qu’un exemple parmi d’autres de la répression croissante en Tunisie. Selon lui, l’incarcération de Souab reflète un sentiment de mécontentement général face à une situation où même les militants les plus engagés sont pris pour cibles. Hammani insiste sur le fait que cette répression touche non seulement les figures politiques mais également les défenseurs des droits humains.
L’affaire Ahmed Souab s’inscrit dans un contexte politique et judiciaire tendu en Tunisie. Depuis l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed en 2019, des accusations d’atteintes à la liberté d’expression et d’indépendance de la justice se multiplient. Le président tunisien a pris des mesures qui ont réduit les marges de manœuvre des institutions indépendantes, y compris la justice. Dans ce climat de tensions, la répression des voix dissidentes semble se renforcer, et les arrestations de figures publiques, comme celle de Souab, sont perçues comme des tentatives de museler toute forme d’opposition.
La manifestation de vendredi a été une occasion pour l’opposition de montrer sa force, bien que les rassemblements de ce type soient généralement de moindre ampleur. Selon Niel Ben Ammar, militante de l’opposition, la mobilisation a été d’autant plus significative que Souab est une figure emblématique qui a su unir les différentes tendances politiques et sociales du pays. Pour Ben Ammar, ce rassemblement reflète un rejet de la répression croissante et de l’injustice qui touche non seulement les leaders politiques mais aussi les simples citoyens qui se battent pour la liberté d’expression.
L’un des moments les plus marquants de la manifestation a été l’évocation de la célèbre métaphore utilisée par Ahmed Souab lors de ses commentaires sur le procès du « complot contre l’État ». En suggérant que la justice avait une épée suspendue sur le juge plutôt que sur les accusés, Souab avait tenté de dénoncer les pressions exercées par le pouvoir tunisien sur les magistrats. Cette comparaison, qualifiée de « métaphore innocente » par ses soutiens, a été perçue par le régime comme une attaque contre l’institution judiciaire, ce qui a conduit à son arrestation. Pour ses partisans, il est inconcevable qu’une simple expression symbolique puisse justifier l’incarcération d’un avocat.
Ce rassemblement a également montré la diversité des soutiens dont bénéficie Ahmed Souab, avec des participants venus de différents horizons politiques et sociaux. Les manifestants ont pris position contre ce qu’ils considèrent comme un système de répression qui divise la société tunisienne, mais également pour la préservation des libertés fondamentales. Dans un pays où la contestation se fait de plus en plus rare en raison de la répression, cette démonstration de force représente un défi direct à l’autorité du président Kaïs Saïed et à ses politiques de contrôle des institutions.
Titres proposés :
Tunisie : Manifestation massive pour soutenir Ahmed Souab, avocat incarcéré pour ses prises de position
Arrestation d’Ahmed Souab : La rue tunisienne se mobilise contre la répression
Tunisie : Quand la justice et la répression politique s’affrontent dans la rue