En Tunisie, douze jours après le premier tour des législatives, l’exaspération monte dans les rangs de l’opposition et de la société civile. Entre recours pour irrégularités et appels à la démission de Kaïs Saïed, la Tunisie vit une période de turbulences politiques.
Il était déjà boudé et décrié avant de se tenir, maintenant qu’il a eu lieu, le premier tour des législatives n’en finit pas de défrayer la chronique en Tunisie. Le taux de participation a d’abord été annoncé à 8,8% avant d’être rehaussé à 11,22%. 57 recours ont déjà été déposés. Au même moment, près d’une trentaine d’ONG de la société civile tunisienne s’inquiètent d’une liberté d’expression qui serait menacée selon eux.
La semaine dernière, l’instance chargée de surveiller le bon déroulement des scrutins (ISIE) a décidé de poursuivre des médias et pages Facebook pour des écrits jugés offensants en lien avec la politique intérieure. Un climat global qui pousse une partie de l’opposition à tenter de serrer les rangs malgré ses divergences. Des partis politiques, des associations et la centrale syndicale UGTT réfléchissent désormais à une initiative commune pour « sauver le pays ».
Certains opposants – dont Mohamed Abbou, figure de la lutte contre le régime de Ben Ali et ministre après la révolution – ont même appelé le président Kaïs Saïed à quitter le pouvoir pour le bien de la nation. Alors que le mois de janvier voit souvent éclore des mouvements de contestation sociale en Tunisie, un vent de colère semble d’ores et déjà souffler sur le pays.
Kaïs Saïed dit vouloir lutter contre les traîtres
De son côté, le président tunisien Kaïs Saïed a réagi mercredi 28 décembre avec un réquisitoire contre ses opposants. Dans un discours d’une vingtaine de minutes, et en présence de plusieurs ministres, il a réaffirmé sa volonté de lutter contre ceux qu’il a qualifié de « traîtres » et d’éléments à la solde de l’étranger. Il les a accusé, pêle-mêle : d’être responsables des pénuries de denrées de matières premières, du naufrage d’une embarcation de migrants au large de Zarzis en septembre dernier ou encore de faits de corruption… Un discours véhément qui laissait entendre que des mesures à leur encontre pourraient être prises prochainement, sans pour autant en dévoiler le contenu.
Cette intervention lui a valu d’être aussitôt critiqué et tourné en dérision sur les réseaux sociaux par des membres de la société civile ainsi que des observateurs de la vie politique tunisienne qui voient dans cette sortie un discours aux allures de communication de crise improvisée. Certains allant même jusqu’à évoquer une ambiance de fin de règne à Carthage.
RFI