Première voix discordante au sein de l’Otan : la Turquie, membre de l’Alliance atlantique depuis 70 ans, se montre réticente à l’adhésion de la Finlande et de la Suède. Son président, Recep Tayyip Erdogan, a estimé vendredi 13 mai que cette adhésion serait « une erreur ». Comme les autres États membres, la Turquie dispose d’un droit de veto à l’Otan. La Suède et la Finlande ont prévu de discuter du sujet avec la Turquie ce samedi à Berlin, lors d’une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l’Otan à laquelle sont invités ces deux pays.
Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer
« Nous n’y sommes pas favorables », « la Turquie ne veut pas faire deux fois la même erreur » : c’est avec ces formules peu diplomatiques que Recep Tayyip Erdogan s’est opposé à l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Otan.
Le président turc a accusé ces États d’être des « maisons d’hôte pour organisations terroristes », citant le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le DHKP-C d’extrême-gauche. Tayyip Erdogan a fait le parallèle avec l’adhésion de la Grèce, qu’il a accusé de liguer l’Otan derrière elle contre la Turquie.
Les tensions entre Ankara et plusieurs pays européens, en particulier la Suède, au sujet du PKK et de son émanation syrienne, les YPG, sont récurrentes. Mais la déclaration tranchée de Tayyip Erdogan peut surprendre.
Le président turc, qui s’estime en position de force au sein de l’Otan ces derniers mois grâce à son rôle d’intermédiaire entre l’Ukraine et la Russie, et qui cherche à ménager cette dernière, semble saisir l’occasion pour faire pression sur ses alliés occidentaux au sujet des combattants kurdes. En 2019, il avait refusé de soutenir un plan de défense de l’Otan pour les pays baltes et la Pologne tant que les membres de l’Alliance n’auraient pas reconnu les YPG comme un groupe terroriste. Ankara avait finalement revu sa position sans obtenir gain de cause.