La République démocratique du Congo et le Rwanda doivent signer ce vendredi 27 juin à Washington un accord de paix bilatéral, sous l’égide des États-Unis. Fruit de négociations discrètes mais soutenues, ce texte vise à désamorcer la crise sécuritaire persistante dans la région des Grands Lacs, particulièrement à l’est de la RDC, où les tensions entre Kinshasa et Kigali ont alimenté plusieurs années de conflit armé.
Selon les informations transmises par le Département d’État américain, l’accord couvre plusieurs volets essentiels : respect des frontières, cessation des hostilités, retrait des groupes armés non étatiques, mécanisme conjoint de sécurité, retour des déplacés et relance de l’intégration économique régionale. Le texte s’appuie sur le cadre opérationnel du CONOPS du 31 octobre 2024. Washington, qui parraine cette initiative, espère qu’une application effective permettra de poser les bases d’une paix durable et de stimuler les investissements régionaux.
Ce rapprochement s’inscrit dans un environnement particulièrement tendu. Les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées avec la résurgence du mouvement rebelle M23, accusé par Kinshasa d’être soutenu par Kigali. Depuis plusieurs mois, des efforts de médiation sont en cours, notamment sous l’égide de la SADC, de l’Union africaine et de l’EAC. En mars dernier, un premier cessez-le-feu avait été esquissé à Doha entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame.
Si les autorités américaines saluent une étape « décisive », les observateurs restent prudents. La mise en œuvre effective du texte reste incertaine, notamment dans un contexte où les groupes armés continuent d’opérer dans le Nord-Kivu. L’implication de forces extérieures et le manque de confiance mutuelle entre les deux capitales risquent aussi de freiner le processus. La réussite dépendra en grande partie de la capacité des deux États à respecter leurs engagements sécuritaires et politiques.
Certaines figures de la société civile congolaise dénoncent cependant un processus opaque et peu inclusif. Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a vivement critiqué l’absence de concertation avec les victimes et les communautés affectées, soulignant que « la paix sans justice ni vérité risque de ne pas tenir ». Ces critiques, récurrentes, rappellent les limites des approches diplomatiques centrées uniquement sur les élites politiques et militaires.
En parallèle de la médiation américaine, le président rwandais Paul Kagame a rencontré à Kigali l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, émissaire conjoint de la SADC, de l’EAC et de l’Union africaine. Cette séquence diplomatique s’inscrit dans un effort plus large de stabilisation régionale. M. Obasanjo, très actif dans les coulisses, poursuit ses consultations en vue d’une conférence régionale inclusive. Une implication africaine que les États-Unis disent vouloir soutenir sans la supplanter.