René Wamkeue, ancien professeur de génie à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), a été arrêté cette semaine pour des accusations de fraudes, commissions secrètes et extorsion. L’homme, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt depuis septembre, aurait utilisé des stratagèmes visant à détourner des fonds destinés à des étudiants étrangers.
Selon le Commissaire à la lutte contre la corruption (CLCC), entre 2010 et 2017, René Wamkeue aurait exigé des « ristournes » sur des bourses accordées à des étudiants étrangers en maîtrise et doctorat qu’il supervisait. Il aurait également menti aux étudiants sur les montants de bourses disponibles et falsifié des informations transmises au ministère de l’Immigration. Des bourses auraient même été octroyées de manière irrégulière à des proches, dont son propre fils.
En 2018, l’UQAT avait décidé de congédier M. Wamkeue après avoir mené une enquête interne. Le recteur avait dénoncé des irrégularités graves dans son comportement, notamment des actes d’intimidation envers les étudiants et le non-respect des conditions de vie précaires de certains d’entre eux. Ces révélations avaient entraîné une enquête approfondie, désormais pilotée par le CLCC et l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Libéré sous promesse de comparaître, René Wamkeue devra répondre à ces accusations devant le palais de justice de Rouyn-Noranda en février prochain. Les implications de cette affaire pourraient avoir un impact durable sur la réputation de l’UQAT, déjà mise à mal par cette série de scandales. La coordination entre les autorités, notamment l’Agence des services frontaliers du Canada, a permis cette arrestation dès le retour de l’accusé au pays.
Cette affaire illustre la vigilance accrue des autorités dans la lutte contre les abus institutionnels. Le CLCC, en collaboration avec l’UPAC, poursuit des enquêtes pour prévenir de tels agissements dans les établissements publics. Pour les étudiants, particulièrement étrangers, ce cas met en lumière les défis liés à la protection de leurs droits dans des contextes souvent complexes.
Du côté de l’UQAT, la priorité est désormais de restaurer la confiance. L’administration affirme avoir renforcé ses mécanismes de contrôle depuis les premières révélations. Cependant, certains acteurs du milieu universitaire réclament une plus grande transparence et des mesures préventives pour éviter que de telles dérives ne se reproduisent à l’avenir. Cette affaire pourrait ouvrir un débat plus large sur la gestion des bourses et l’encadrement des étudiants étrangers au Canada.