Au Burundi, une jeune fille qui participe, en ce moment, au concours de beauté Miss Earth qui se déroule, à Manille, aux Philippines est dans le collimateur du ministère de la Jeunesse et de la Culture. Elle est accusée de dégrader la culture burundaise en posant en bikini, comme toutes les autres participantes du concours.
Ce n’est pas la première fois que ce ministère de la Jeunesse et de la Culture s’érige en gardien des bonnes mœurs. ll y a dix mois, il avait sévi après une polémique sur les réseaux sociaux, contre l’un des plus célèbres groupes de danse traditionnelle, Amagaba qui avait « osé » battre les Tambours sacrés du Burundi en costume cravate lors du festival « Buja sans tabou ».
Spectacle suspendu
En vain, les organisateurs du festival « Buja pour Bujumbura Sans Tabous » avaient expliqué, à l’époque, que cette exhibition cherchait à montrer comment deux cultures, traditionnelle et moderne, pouvaient se mélanger. Le festival n’avait duré qu’à peine 5 minutes, avant que les tambourinaires ne remettent leurs costumes traditionnels. Aussitôt, le ministre Ezéchiel Nibigira a suspendu ce festival et interdit le groupe Amagaba de tout spectacle, pendant six mois.
Cette fois, tout a commencé, il y a trois jours, lorsque les photos en bikini d’une jeune burundaise, Lauria Claudine Nzirumbaje qui participe en ce moment au concours de beauté “Miss Earth” à Manille, apparaissent sur les réseaux sociaux. Le débat est tout de suite lancé. Certains applaudissent des deux mains, alors que d’autres la vouent aux gémonies.
« Comportement déplorable »
Pour le ministère burundais de la Culture et de la Jeunesse c’est inadmissible. Ce dernier va alors s’en prendre, dans une série de tweets, à la jeune femme, accusée d’avoir eu « un comportement déplorable […] qui dénigre la culture burundaise » en exhibant « sa nudité ». Le ministère ajoutera qu’elle « mérite une correction », avant d’effacer ce message.
Depuis, les Burundais se déchirent sur la question. Une partie approuve le ministère de la Culture et de la jeunesse, gardien « de l’ordre », de la « culture » et de la « morale ». Une autre partie dénonce l’« hypocrisie » d’un ministère qui ferme les yeux, selon elle, sur de nombreux crimes dont sont victimes les jeunes filles.