C’est « un moment charnière » après des années de recherches et de prototypes. Il y a quelques jours, l’entreprise nantaise i-SEP a obtenu l’autorisation de commercialiser sa machine décrite comme « inédite » auprès des hôpitaux et cliniques européens. Créée il y a six ans, cette « medtech » s’est fixé l’objectif d’améliorer le processus d’autotransfusion des malades lors des opérations hémorragiques, à savoir celles où la perte de sang peut être importante. « Lors d’une chirurgie cardiaque, un patient peut perdre un litre ou deux, voire dix au total, rapporte Sylvain Picot, président et cofondateur d’i-SEP, qui emploie une vingtaine de salariés. Nous voulons éviter au maximum les recours aux produits de banque du sang, alors que la pénurie ne cesse de s’aggraver. »
Concrètement, cet appareil est capable en un temps record (6 minutes pour 50 cl de sang) de filtrer le sang du patient, le nettoyer (par exemple des éventuels médicaments), le concentrer, et le déverser dans une poche qui pourra être immédiatement réutilisée, pour la suite de l’intervention. Plus simple niveau logistique et moins coûteux que de faire venir une poche mais aussi plus sûr, assurent les responsables d’i-SEP, puisqu’elle évite les éventuels problèmes « de contamination et d’incompatibilité ».
Une vingtaine de centres bientôt équipés ?
Mais l’atout majeur est que ce système réinjecte les globules blancs, les globules rouges, mais aussi et surtout les plaquettes, contrairement aux dispositifs existants. « Ce sont les produits sanguins les plus chers et ceux qui manquent le plus, alors qu’ils sont très demandés par exemple en oncologie, observe Guillaume Laurent, le directeur commercial et marketing. Notre essai clinique réalisé sur une cinquantaine de patients dans quatre centres en France a montré qu’on pouvait en récupérer plus de 50 % et que réinjectées, ces plaquettes pouvaient continuer à jouer parfaitement leur rôle d’hémostase, notamment dans la coagulation du sang. »
Le directeur espère que 20 centres experts en Europe seront d’ici un an équipés de la machine, fabriquée et assemblée en Vendée. Plusieurs centaines de milliers de patients pourraient être concernés par cette innovation chaque année en France.