Les eurodéputés d’extrême droite ont officiellement lancé une motion de censure contre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Portée par le Roumain Gheorghe Piperea, membre du groupe ECR (Conservateurs et réformistes européens), l’initiative a réuni les 72 signatures requises pour être soumise au débat. La procédure sera examinée au Parlement européen ce lundi 8 juillet.
Le reproche principal vise le manque de transparence de Von der Leyen durant la crise sanitaire. Piperea et ses soutiens l’accusent de ne pas avoir révélé les échanges qu’elle aurait eus avec Albert Bourla, PDG de Pfizer, au moment des négociations sur les vaccins. Ces griefs réactivent un vieux débat sur l’opacité des décisions prises au plus haut niveau de l’Union européenne, notamment dans un contexte d’urgence sanitaire.
Cette offensive intervient alors que Von der Leyen brigue un nouveau mandat à la tête de la Commission. Bien que la motion ait peu de chances d’aboutir – les principaux groupes politiques ayant d’ores et déjà annoncé leur soutien – elle intervient dans un moment de fragilité politique. Les dernières élections européennes ont vu une progression marquée de l’extrême droite, ce qui renforce leur capacité à perturber le débat institutionnel, même sans majorité.
Le vote est prévu le jeudi 10 juillet. Deux scénarios se dessinent. Dans l’hypothèse improbable où la motion passerait, la Commission serait dissoute et il faudrait nommer 27 nouveaux commissaires, un processus complexe qui paralyserait temporairement l’exécutif européen. Plus vraisemblablement, la motion échouera. Mais même rejetée, elle pourrait fragiliser politiquement Von der Leyen, notamment si le vote à bulletin secret révèle des défections dans son propre camp.
Malgré cette menace, Ursula von der Leyen continue d’afficher une sérénité maîtrisée. Elle est apparue le 3 juillet à Aarhus (Danemark), aux côtés de la Première ministre Mette Frederiksen, participant à des photos officielles, comme si rien n’était en jeu. Mais en coulisses, les tractations sont en cours. Chaque voix comptera, et les signaux envoyés lors du vote pèseront lourd dans la reconduction éventuelle de son mandat.
Cette motion s’inscrit avant tout dans une logique de défiance symbolique. L’extrême droite européenne, même si elle reste minoritaire, entend marquer son territoire et affirmer sa capacité de nuisance. L’attaque vise autant la personne de Von der Leyen que le fonctionnement opaque de l’Union. En somme, une démonstration de force sans lendemain immédiat, mais qui rappelle que la présidence de la Commission n’est jamais acquise, même pour les sortants.