Ce mardi 5 novembre, les Américains vont voter pour choisir leur prochain président. Ce choix aura des conséquences importantes pour l’Afrique, qui dépendront du candidat élu. D’après le Dr Alioune Aboutalib Lô, chercheur au Centre AKEM d’Istanbul, une victoire de Kamala Harris ou de Donald Trump pourrait avoir des effets très différents sur la politique des États-Unis envers l’Afrique, notamment en matière de diplomatie, d’économie et de sécurité.
Kamala Harris, qui est démocrate et ancienne vice-présidente sous Joe Biden, continuerait probablement la politique actuelle envers l’Afrique, en soutenant plus les initiatives de coopération. Lors de sa visite en Afrique en mars 2023, elle avait montré beaucoup d’enthousiasme pour le continent, particulièrement en ce qui concerne la technologie et l’innovation. De son côté, Donald Trump est connu pour une approche moins engagée vis-à-vis de l’Afrique, bien qu’il ait lancé l’initiative “Prosper Africa” pour renforcer les relations économiques entre les États-Unis et l’Afrique.
Depuis la fin de la Guerre froide, l’Afrique n’est plus une priorité stratégique pour les États-Unis. L’administration Biden avait cependant tenté de redonner de l’importance à ces relations, notamment avec l’AGOA, un programme qui donne des avantages commerciaux aux pays africains. Ce programme doit être renouvelé en 2025. Pendant la présidence de Trump, certains pays comme le Rwanda avaient été exclus de l’AGOA, ce qui montrait une approche plus stricte. Harris poursuivrait probablement cette politique mais avec plus de flexibilité, en favorisant les investissements et les projets d’infrastructure, tout en cherchant à répondre à la montée en puissance de la Chine en Afrique.
Sur le plan de la sécurité, les États-Unis continuent de s’intéresser à la lutte contre le terrorisme en Afrique, bien que cette région ne soit pas vraiment au cœur de la campagne électorale actuelle. Les principaux enjeux concernent le maintien des bases militaires, notamment au Sahel, où la présence des États-Unis est mise en difficulté par l’influence croissante de la Russie et des groupes paramilitaires associés au Kremlin. Harris, tout comme Trump, devra élaborer des stratégies pour conserver une présence sur le terrain dans ce contexte géopolitique difficile.
Pour ce qui est de l’aide humanitaire et du développement, Kamala Harris voudrait probablement rester stricte sur les droits humains et la gouvernance, liant l’aide à la promotion de la démocratie et des droits des minorités. En revanche, Donald Trump pourrait être plus souple sur ces questions et moins exigeant sur la gouvernance, mais pourrait aussi être réticent à allouer des fonds pour l’aide humanitaire. Certains pays africains conservateurs pourraient préférer Trump à Harris à cause de ses positions contre la promotion des droits LGBTQ, tandis que Harris défend une politique plus inclusive.
En conclusion, le résultat de cette élection américaine pourrait influencer de manière très différente les relations entre les États-Unis et l’Afrique, selon qui sera élu. Avec Harris, il y aurait probablement une continuité dans la diplomatie et le soutien aux initiatives de coopération. Avec Trump, on pourrait s’attendre à un retour à une politique plus pragmatique, avec moins d’intérêt pour la gouvernance mais peut-être plus de liberté pour certains pays africains. Le défi pour l’Afrique reste de taille : réussir à s’intégrer dans la stratégie d’une grande puissance qui est souvent concentrée sur d’autres priorités globales.