Alors qu’Ottawa a ouvert ses portes à davantage de francophones africains dans le cadre de sa politique migratoire, les arnaques aux visas canadiens se multiplient sur le continent. De plus en plus de candidats à l’immigration, comme Marie*, tombent dans les pièges de faux consultants qui exploitent leurs rêves de départ vers un avenir meilleur.
Marie, mère de famille vivant dans un pays d’Afrique francophone, a tout perdu dans ce qu’elle croyait être un projet d’immigration sérieux. Séduite par une agence repérée sur Facebook et convaincue par les nombreux commentaires élogieux, elle entre en contact avec un « consultant » qui, en quelques échanges, lui promet une résidence permanente au Canada. En échange, il réclame un paiement rapide, justifié par une prétendue urgence administrative. Résultat : plus de 15 000 dollars versés, des dettes accumulées, des meubles vendus… et aucun visa.
Derrière ces arnaques, les méthodes sont variées mais bien huilées. Nicholas Avramis, consultant en immigration agréé et basé en Afrique du Sud, les observe régulièrement : certains escrocs disparaissent dès le premier virement, d’autres entretiennent l’illusion en fournissant de faux documents et en prétendant être en lien avec les autorités canadiennes. Les adresses de bureaux fictifs se multiplient, à la fois dans les capitales africaines et jusqu’à Toronto. Dans le cas de Marie, après le dernier virement, le « consultant » l’a tout simplement bloquée sur toutes les plateformes de communication.
Depuis 2023, le Canada a renforcé ses ambitions en matière d’immigration francophone, avec un objectif affiché d’accueillir près de 100 000 nouveaux résidents francophones d’ici à 2027. Cette volonté, saluée pour sa dimension inclusive, s’est toutefois accompagnée d’un afflux de sollicitations en ligne, souvent non encadrées. Dans ce contexte, les failles d’information et l’absence de canaux officiels accessibles alimentent la prolifération des arnaques.
La majorité des victimes ne portent pas plainte. Par honte, par peur d’avoir été complices involontaires d’un acte illégal ou simplement par découragement. Nicholas Avramis explique recevoir des dizaines de témoignages chaque année, un chiffre bien en deçà de la réalité selon lui. L’humiliation et l’endettement freinent les recours, renforçant l’impunité de ces réseaux.
Malgré sa mésaventure, Marie ne renonce pas à son projet de vie au Canada. Elle appelle désormais à la prudence et met en garde les autres candidats à l’immigration. Car ces escroqueries n’exploitent pas seulement la crédulité : elles jouent sur l’urgence, la détresse économique, et l’espoir sincère d’une vie meilleure. Le renforcement de la sensibilisation et la diffusion de canaux d’information fiables apparaissent aujourd’hui comme des urgences absolues.