Joe Biden s’apprête à accomplir une promesse de fin de mandat en se rendant officiellement en Afrique, plus précisément en Angola. Cette visite pourrait bien être sa dernière à l’étranger avant de quitter la Maison Blanche. Le choix de l’Angola n’est pas anodin : il s’agit d’un pays où les États-Unis ont misé gros en investissant massivement dans la réhabilitation du corridor de Lobito, un projet phare à la fois économique et géostratégique.
Initialement prévu pour 2023, ce voyage avait dû être reporté à cause des priorités internes et des ouragans ayant touché les États-Unis. Désormais, la venue de Biden en Angola est confirmée, symbolisant l’importance de ce partenariat. Washington soutient activement le corridor de Lobito, un projet ferroviaire de grande envergure visant à relier l’Angola à la République Démocratique du Congo (RDC) et, à terme, à la Zambie. Ce projet a pour but de faciliter l’acheminement des ressources minières de la RDC vers la côte atlantique.
La relation entre les États-Unis et l’Angola s’est nettement améliorée ces dernières années, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de João Lourenço. Le président angolais a été accueilli à Washington il y a un an, et l’Angola est devenu un allié stratégique pour les Américains, en particulier sur le plan sécuritaire. Les efforts de l’Angola dans la stabilisation de l’Est de la RDC ont été salués à plusieurs reprises par les autorités américaines, renforçant le partenariat bilatéral.
Le corridor de Lobito est plus qu’un simple projet de transport ; il s’agit d’un vecteur de développement régional. En plus de réhabiliter les tronçons ferroviaires existants, la deuxième phase prévoit la construction d’une nouvelle section de 800 km vers la Zambie. La visite de Joe Biden en Angola devrait être l’occasion de nouvelles annonces sur cette partie du projet, avec la perspective de renforcer l’interconnexion régionale et de développer des infrastructures d’énergies renouvelables, ainsi que des réseaux routiers et mobiles.
Ce projet est mené en partenariat avec l’Union européenne et des acteurs privés, visant à montrer l’efficacité des partenariats public-privé, que les États-Unis espèrent voir se dupliquer ailleurs. Pour certains observateurs, comme le chercheur Thierry Vircoulon, il ne fait aucun doute que ce projet représente une alternative aux Routes de la soie chinoises, en offrant aux pays de la région des options pour l’exportation de leurs ressources minières critiques, tout en réduisant leur dépendance envers la Chine.
Le corridor de Lobito pourrait s’étendre vers la côte Est via la Tanzanie, mais d’autres axes sont également envisagés, notamment vers la Namibie ou l’Afrique du Sud. Cette diversité d’options permet aux pays concernés de négocier de meilleures conditions d’investissement, créant ainsi une concurrence entre les puissances économiques. Pour les États-Unis, il s’agit de démontrer leur capacité à proposer des alternatives viables, afin d’assurer le développement économique africain tout en favorisant leurs propres intérêts géostratégiques.