Depuis le 8 mars 2025, la galerie Abali à Yaoundé présente l’exposition We the North, souffle et regards du photographe camerounais Desy Danga. À travers ses clichés, il invite le public à découvrir un aspect peu connu mais fondamental du quotidien des populations du nord du Cameroun, marqué par des crises sécuritaires et climatiques persistantes. L’exposition, qui durera jusqu’au 20 avril, dévoile un tableau contrasté où la lumière du soleil éclaire des visages résilients, malgré la dureté des conditions de vie.
Les photographies de Danga offrent un portrait vibrant et humain des habitants du nord, capturant leur quotidien à travers des images lumineuses, symboles de générosité et d’humanité. Le photographe, bien que conscient des souffrances liées aux insécurités physiques et environnementales, souligne que la population, malgré les épreuves, conserve un sourire inaltérable. Selon lui, cette capacité à accueillir et à sourire face à l’adversité témoigne de la solidarité profonde des peuples du nord. Desy Danga raconte : « Tout le monde vit au quotidien les insécurités, mais le sourire ne quitte jamais ces gens. »
Le nord du Cameroun, territoire largement rural, fait face à de nombreuses difficultés, principalement liées aux crises sécuritaires, notamment la menace de Boko Haram, et à des défis climatiques comme la sécheresse. Cette région, frontalier avec le Nigéria, subit de plein fouet les répercussions de l’insécurité et de l’instabilité, exacerbées par les phénomènes environnementaux. Cependant, les habitants de cette zone ont su développer une résilience impressionnante, leur capacité à maintenir des liens communautaires forts étant un élément clé de leur survie et de leur prospérité dans un contexte particulièrement difficile.
L’exposition de Desy Danga vient aussi rappeler l’importance de valoriser la richesse culturelle et humaine de cette région souvent réduite à ses crises. La perspective de l’artiste invite à une réflexion sur l’avenir du nord Cameroun, un territoire aux multiples facettes, où les défis sont nombreux, mais où la résilience des populations reste un moteur puissant pour surmonter les adversités. Ces portraits montrent aussi la profondeur de la culture locale, de ses rituels ancestraux à ses événements modernes, offrant ainsi un contrepoint aux récits dominants de souffrance.
L’exposition a également recueilli des témoignages poignants de visiteurs. Parmi eux, Leslie Ngouonzoh, originaire du village de Tourou, près de la zone touchée par Boko Haram, a exprimé son admiration pour une photo montrant une femme résiliente face à la souffrance. Cette image, qui illustre le quotidien de ceux qui choisissent de rester dans des zones en proie à l’insécurité, témoigne du courage et de la détermination des habitants à maintenir leurs racines malgré les difficultés. Audrin Moyo, photographe de renom, qualifie quant à lui ces images de profondément expressives, soulignant la capacité de Danga à capturer l’âme de ces peuples à travers l’objectif de son appareil.
Au-delà du simple reportage photographique, l’exposition de Danga devient un espace de célébration de la culture et de la résistance des populations du nord du Cameroun. À travers des photos d’événements culturels comme la danse initiatique du peuple Faro ou les combats de guerriers Massa, l’artiste montre la vitalité des traditions locales, bien que souvent éclipsées par les crises. Ces images témoignent de la vitalité de la culture, qui malgré tout continue de rayonner.