Le sujet sera débattu lors d’un sommet international sur les éléphants qui s’ouvre, ce lundi 23 mai 2022, au parc national d’Hwange au Zimbabwe. Près de 14 pays ont été invités. Le Zimbabwe dit chercher des fonds pour financer ses parcs et faire face à la population d’éléphants qui grandit dangereusement selon les autorités. Elles pensent que la prospérité de ses troupeaux mériterait bien une récompense.
Le Zimbabwe se sent puni d’avoir bien géré ses populations d’éléphants et cherche donc une compensation. Ils seraient 100 000 pachydermes, soit le double de ce qui est soutenable, selon Tinashe Farawo, porte-parole des parcs nationaux au Zimbabwe. « Les gens peuvent venir voir de leurs propres yeux l’étendue des dégâts provoqués par les animaux, la colère que cela provoque parmi les communautés, qui n’en tirent aucun bénéfice. On dit simplement que la population doit pouvoir y trouver son compte », explique t-il.
Le Zimbabwe possède plus de 130 tonnes d’ivoire, cornes et défenses confondues. Le gouvernement a fait visiter ses stocks à des diplomates européens. Objectif : les convaincre de faire lever l’embargo.
« C’est une mesure qui s’appuie sur la science, mais parfois des gens n’écoutent que leurs émotions pour prendre des décisions. La majorité de l’ivoire que nous avons provient d’animaux morts naturellement. Quand ils meurent on récupère l’ivoire. Les saisies d’ivoire issues du braconnage ne représentent que 10%. Gagnons de l’argent avec ! Pour soutenir nos communautés et pour que la population profite de cette ressource tombée du Ciel », ajoute Tinashe Farawo.
Les réserves d’ivoire, conservées dans une chambre forte, sont estimées à 600 millions de dollars. Pour le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, cela permettrait de financer les parcs nationaux pendant vingt ans.
Ouvrir la boîte de pandore ?
Actuellement, la vente d’ivoire est autorisée exceptionnellement et de manière très encadrée par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). La levée de l’embargo sur la vente de l’ivoire, adopté en 1989, serait une fausse bonne solution, selon Phillip Kuvawoga, directeur du programme de conservation des habitats au sein du Fonds international pour la protection des animaux.
« Nous avons aucune preuve scientifique qui démontrerait que l’ouverture à la vente de l’ivoire soutiendrait une protection et une gestion durable de la vie sauvage. Il est toujours à craindre que l’argent généré ne soit pas utilisé comme il était prévu. Ne touchez pas aux défenses des éléphants et réfléchissez plutôt à d’autres mécanismes pour valoriser votre réserve d’ivoire, comme un musée ou quelque chose comme ça… Je pense que déverser cet ivoire sur le marché international pourrait avoir des répercussions qui mettent en danger la survie de l’espèce dans le monde. Si vous le faites, vous risquez d’ouvrir la boîte de Pandore sans savoir si les trafiquants vont se saisir de cette opportunité. »