Le Cameroun a commémoré sa fête nationale le 20 mai, une date symbolique de l’unité entre ses régions francophones et anglophones. À Yaoundé, le président Paul Biya a présidé la traditionnelle parade militaire sur le boulevard du 20-Mai, avant de recevoir plus d’un millier d’invités à un banquet au palais présidentiel. Dans les autres régions du pays, des festivités similaires ont été organisées sous la supervision des autorités locales.
Dans les régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, souvent marquées par l’insécurité à cette période, les défilés ont pu se dérouler sans incident majeur. À Buea, une source policière a néanmoins rapporté la découverte et le désamorçage d’un engin explosif improvisé à proximité de la place des cérémonies. Malgré ce climat de vigilance, les autorités locales ont maintenu les festivités, souhaitant démontrer une forme de retour à la normalité.
Si les célébrations ont suivi leur cours, elles ont également révélé les fractures politiques persistantes. À Monatele, le président du parti Alliance libérale (PAL), Célestin Bedzigui, a dénoncé l’exclusion de ses militants, qualifiant la décision du ministre de l’Administration territoriale d’« inique et scélérate ». Une exclusion qu’il juge contraire à l’esprit même du 20 mai. À Yaoundé, les militants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), absents des défilés, ont marqué un contraste avec ceux de Bafang, qui ont pu y participer.
Certains acteurs politiques ont profité de l’occasion pour remettre en cause la légitimité du 20 mai comme jour de fête nationale. Candidat déclaré à la présidentielle, l’avocat Christian Timbane a réaffirmé son intention de proposer un référendum sur la question. Il suggère des alternatives plus représentatives, comme le 13 septembre, date de l’assassinat du leader indépendantiste Ruben Um Nyobè en 1958, selon lui plus ancrée dans la mémoire historique du pays.
Si les autorités s’efforcent chaque année de faire du 20 mai un moment d’unité, cette date agit aussi comme un révélateur des lignes de fracture internes. Le contraste entre les festivités officielles et les revendications politiques souligne le besoin d’un consensus plus large sur les symboles nationaux. La célébration de l’unité continue ainsi d’être tiraillée entre volonté d’inclusion et logiques d’exclusion.
Les disparités dans la participation des partis politiques à la fête illustrent les limites du pluralisme dans l’espace public camerounais. L’encadrement strict des activités politiques pendant cette journée nationale laisse peu de place à une expression ouverte des divergences. Pourtant, les débats soulevés par des figures de l’opposition indiquent qu’une partie de la société aspire à une redéfinition de l’unité nationale, fondée sur des symboles partagés par tous.