À Conakry, 49 Guinéens ont été rapatriés de Tunisie via un vol spécial mis en place par les autorités guinéennes, ce 1er mars 2023. Un retour faisant suite à des vagues d’agression contre des migrants subsahariens sur le sol tunisien, suite aux déclarations du président du pays, Kaïs Saïed. Reportage à l’aéroport.
Ils sont 49 : des femmes et leur mari, des enfants, des malades… Les premiers Guinéens rapatriés de Tunisie ont atterri ce 1er mars 2023 à Conakry. À la descente de leur avion affrété spécialement par les autorités, ils ont été accueillis par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya.
Ils ont pu regagner leur pays, une semaine après les propos virulents du chef de l’État tunisien Kaïs Saïed sur les migrants d’Afrique subsaharienne. Des propos jugés racistes par les organisations de défense des droits humains.
À l’aéroport de Conakry, ce sont d’abord les sirènes du cortège présidentiel qui ont retenti. Et puis, juste avant 20h, le vrombissement de l’avion, frappé du drapeau guinéen. Les rapatriés débarquent. « Je suis très contente de retourner dans mon pays. J’en avais vraiment besoin, glisse Mamaissata, avec ses trois enfants. On a été agressés là-bas. Parfois, ils viennent, ils tapent à notre porte et ils s’enfuient, juste pour nous faire peur. On ne sort pas, même pour aller chercher à manger. Quand vous sortez, on vous cogne avec des cailloux. On nous dit : “Quittez le pays ! La Tunisie, c’est pour les Tunisiens !“ »
Falikou a passé six ans en Tunisie. De cette vie, il a pu garder quelques valises et une couette glissée dans un cabas : « Toute situation que j’ai pu faire, ils me l’ont enlevée encore pendant trois jours. Ils ont cassé ma maison. On a dormi moi, ma femme et mes enfants, on a dormi dans la rue pendant trois jours. C’était tellement difficile… »
Le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, a fait le voyage avec les rapatriés : « Nous mettons un pont aérien en place. C’est le premier convoi qui est venu et il y aura encore d’autres convois jusqu’à ce que tous les Guinéens reviennent à la maison. Nous avons appliqué exactement la doctrine du chef de l’État : un Guinéen à l’extérieur est égal à tout le peuple de Guinée. »
Avant de quitter l’aéroport, Falikou soupire : « Ma fille a un acte de naissance tunisien. Malgré ça, on n’a pas pu rester. »