Le Vatican a publié un document le jeudi 30 mars dans lequel il condamne les dérives coloniales de l’Église catholique et rejette les édits papaux du XVe siècle qui ont autorisé l’asservissement des peuples autochtones, principalement en Amérique. Cette prise de position fait référence aux campagnes de conversions forcées menées par l’Église catholique après l’arrivée des Européens sur le continent américain.
La décision du Vatican a trouvé un écho particulier au Canada, où 150 000 enfants autochtones ont été retirés de force de leur famille et placés dans des pensionnats, souvent régis par l’Église catholique, entre la fin du XIXe siècle et les années 1990. Le document a également reconnu que ce drame des pensionnats s’assimilait à un génocide.
Le rejet des édits papaux a été salué par la sénatrice autochtone canadienne Michèle Audette, qui a déclaré que cela faisait des décennies que la communauté autochtone demandait cette reconnaissance. En juillet 2022, lors de sa visite au Canada, les associations autochtones avaient déjà demandé au pape François d’abroger les “bulles” papales à l’origine de la “doctrine de la découverte”, qui avait autorisé la colonisation des terres et des peuples non chrétiens par les puissances européennes.
Le document du Vatican reconnaît également que de nombreux chrétiens ont commis des actes malveillants à l’encontre des peuples autochtones, pour lesquels les papes récents ont demandé pardon à plusieurs reprises. La Conférence des évêques catholiques du Canada a salué la prise de position du Saint-Siège.
Le professeur Jean-François Roussel, de l’Institut des études religieuses de l’Université de Montréal, a estimé que cette décision du Vatican était probablement le dernier chapitre du temps des paroles et que maintenant il fallait que les actes suivent, y compris en matière de compensation financière et de soutien à la revitalisation culturelle. Le pape François a qualifié la doctrine de la colonisation de “mauvaise” et “injuste”. Il a ajouté que la mentalité selon laquelle nous sommes supérieurs et les indigènes ne comptent pas était grave et que nous devions travailler à y remédier.
Fatoumata Diallo