La RD Congo et la Chine ont annoncé, dans un communiqué conjoint publié vendredi 26 mai, avoir « convenu d’évaluer régulièrement leur coopération minière dans l’intérêt à long terme des deux pays ».
Selon ce communiqué relayé par les médias d’Etat chinois, Kinshasa et Pékin se sont également accordés sur le « renforcement de leurs relations bilatérales » et « l’élargissement de leur coopération dans les domaines de l’éducation, de la recherche scientifique, de la santé, de la construction d’infrastructures, de l’exploitation minière et de l’agriculture ».
La Chine s’est d’autre part engagée à « encourager ses entreprises à investir dans les projets de développement de la chaîne de valeur des batteries électriques de la RD Congo et à soutenir la modernisation de son secteur industriel ».
Le communiqué conjoint a été publié à l’occasion d’une visite de six jours du président congolais, Felix Tshisekedi (photo, à gauche), en Chine.
Le dirigeant congolais a été accueilli par son homologue chinois avec une garde d’honneur et une salve de 21 coups de canon sur la place Tiananmen, avant de s’entretenir avec lui dans le palais présidentiel. A l’issue de leurs entretiens, les deux présidents ont annoncé avoir convenu de faire évoluer les relations bilatérales vers un « partenariat de coopération stratégique globale », le niveau le plus élevé des relations bilatérales pour la Chine.
La renégociation du méga-contrat « ressources naturelles contre infrastructures » signé entre la RD Congo et la Chine en 2008, sous le règne de l’ancien président Joseph Kabila, a été au centre des entretiens entre les deux dirigeants.
L’Inspection générale congolaise des finances (IGF) avait dénoncé, dans un rapport publié en février dernier, les « déséquilibres » de ce contrat minier de 6,2 milliards de dollars, tout en exigeant 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures.
En vertu de ce deal baptisé « le contrat du siècle », les groupes chinois Sinohydro Corporation et China Railway Engineering Corporation ont accepté de construire des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, fourniture de l’eau potable, etc.) en échange d’une participation de 68 % dans la Société sino-congolaise des mines (Sicomines), une coentreprise spécialisée dans l’exploitation du cuivre et du cobalt avec la société minière publique congolaise Gécamines. Les investisseurs chinois se sont engagés à consacrer 3 milliards de dollars à des projets d’infrastructure, mais l’IGF a demandé que cet engagement soit porté à 20 milliards de dollars, afin de « refléter la valeur réelle des concessions minières que la Gécamines a apportées à l’accord ».
Précisant que la Sicomines n’a jusqu’ici investi que 822 millions de dollars dans les infrastructures alors que les entreprises chinoises ont déjà engrangé 10 milliards de dollars, l’institution congolaise a appelé le gouvernement congolais à « renégocier le contrat minier afin d’ajuster et d’équilibrer les devoirs et les avantages des deux parties et de les mettre en conformité avec la valeur de leurs contributions respectives ». Elle a par ailleurs plaidé pour la révision à la hausse de la participation de la Gécamines dans la Sicomines.
Selon un document officiel consulté par Reuters et décrivant les revendications de la RD Congo dans le cadre des négociations avec la partie chinoise, le gouvernement congolais souhaite faire passer sa participation dans la Sicomines à 70 %, contre 32% seulement actuellement.
La RD Congo revêt une importance stratégique pour la transition énergétique en Chine. Ce pays d’Afrique centrale fournit à l’empire du Milieu plus de 60 % de ses besoins en cobalt, un composant clé des batteries des véhicules électriques.
Les échanges commerciaux bilatéraux entre Kinshasa et Pékin ont enregistré une hausse de 51,7% en 2022, pour s’établir à 21,9 milliards de dollars en 2022, selon des données publiées par l’administration générale de la douane chinoise.