Le journaliste militant marocain Rabie Al Ablaq a été condamné lundi 25 avril pour offense envers le roi. Selon Human Rights Watch, il était poursuivi pour la publication de deux vidéos.
La première vidéo a été diffusée le 21 septembre dernier sur Facebook, la seconde un mois et demi plus tard sur YouTube. Dans ces deux vidéos, le militant qualifie de « milliardaires » Mohamed VI et le nouveau Premier ministre Aziz Akhannouch. Il questionne l’origine de leur richesse et se demande ouvertement s’ils n’avaient pas « volé le peuple ».
Rabie Al Ablaq est convoqué le mois dernier à plusieurs reprises au commissariat d’Al Hoceima pour s’expliquer sur ses vidéos. Il est inculpé dans la foulée pour « manquement public au respect et à la révérence dus à la personne du roi ». Inculpation suivie donc lundi 25 avril d’une condamnation à 4 ans de prison ferme et 20 000 dirhams, soit 1 900 euros, d’amende pour offense envers le roi.
Son avocat s’est dit choqué par ce verdict. « Pénaliser la critique pacifique des tenants du pouvoir constitue une violation manifeste du droit à la liberté d’expression », estimait la semaine dernière Human Rights Watch. L’ONG qui qualifie aujourd’hui cette condamnation de « scandale ».
Quel que soit où l’on place le curseur du respect, il y a aussi les droits humains.
Rabie Al Ablaq va ainsi retourner en prison. Lui qui a déjà passé deux ans derrière les barreaux pour son soutien aux manifestations du Hirak, qui ont agité le pays en 2016 et 2017. Le militant avait été libéré en 2020 après avoir bénéficié d’une grâce royale. Son avocat a annoncé son intention de faire appel de cette condamnation.
4 ans de prison pour Rabie al-Ablaq pour "crime de lèse Majesté", une loi médiévale qui a disparu depuis des siècles dans les démocraties. Pourtant, le #Maroc prétend en être une… La semaine dernière, @HRW appelait à l'abandon des poursuites – en vain https://t.co/rW4CVJFCmB
— Ahmed Benchemsi (@AhmedBenchemsi) April 26, 2022