La Cour constitutionnelle du Gabon a pris une décision marquante le 2 février, en annulant la nomination de Marie-Madeleine Mborantsuo au poste de présidente honoraire, une fonction qu’elle devait occuper après avoir dirigé cette institution de 1991 à 2023. Cette résolution met fin à la carrière d’une figure emblématique, longtemps considérée comme un pilier du régime de la famille Bongo.
La justification de cette annulation repose sur la détection de multiples irrégularités dans le processus de nomination, allant des vices de procédures à des manquements dans les formalités de fond et de forme. Selon Christian Bignoumba Fernandes, le doyen des juges de la Cour constitutionnelle, la délibération en question ne figurait même pas dans les archives officielles de la cour, ce qui a conduit à déclarer la nomination de Mborantsuo nulle et non avenue.
Marie-Madeleine Mborantsuo, souvent surnommée « la dame de fer », a occupé le poste le plus élevé de la justice gabonaise pendant plus de trois décennies, une période marquée par sa proximité avec le pouvoir exécutif et son rôle dans la validation des résultats électoraux controversés. Sa nomination discrète en tant que présidente honoraire en septembre 2023 a suscité une vague de critiques, mettant en lumière les tensions politiques persistantes au Gabon.
Cette annulation survient dans un contexte de pression politique et sociale accrue, révélant les fractures au sein de la société gabonaise post-coup d’État d’août. La tentative de maintenir Mborantsuo dans une position d’influence, bien que honorifique, a été perçue comme une provocation par une partie de l’opinion publique et de la classe politique, désireuse de rompre avec les pratiques de l’ancien régime.
La loi gabonaise autorise effectivement l’attribution du titre de président honoraire à des personnalités judiciaires éminentes, sous réserve de reconnaissance par leurs pairs ou le président de la transition. Cependant, la figure controversée de Mborantsuo et son association étroite avec les anciens dirigeants posent la question de la légitimité de tels honneurs. La réaction de la Cour constitutionnelle, sous pression populaire, pourrait marquer le début d’une ère de transparence et de réforme au sein de l’appareil judiciaire gabonais.
L’annulation de la nomination de Marie-Madeleine Mborantsuo peut être vue comme un signal fort envoyé par les autorités judiciaires du Gabon, dans leur quête de redéfinition des normes de gouvernance et de restauration de la confiance publique. Ce rebondissement juridique souligne l’importance de l’adhérence aux procédures légales et reflète les aspirations à une justice plus indépendante et impartial.