L’Assemblée nationale sénégalaise a tranché en faveur d’un report de la présidentielle initialement prévue pour février 2024, fixant désormais la date au 15 décembre de la même année. Cette décision, prise à l’issue d’une séance marquée par l’évacuation musclée des députés de l’opposition par les forces de gendarmerie, laisse le président Macky Sall au pouvoir jusqu’à l’élection de son successeur.
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte particulièrement tendu, avec une adoption du projet de loi par une large majorité de 105 voix contre une. L’évacuation des députés opposants au report, orchestrée par la gendarmerie, symbolise l’ampleur des divisions au sein de l’hémicycle et soulève des questions quant au respect des procédures démocratiques.
Cette décision intervient après l’annonce faite par le président Macky Sall, qui, depuis son accession au pouvoir en 2012, fait face à une opposition farouche à son projet de report électoral. Accusé par ses détracteurs de réaliser un coup d’État institutionnel, le contexte politique sénégalais se trouve ainsi exacerbé par une mesure perçue comme une tentative de prolongation de mandat par des moyens législatifs.
La situation autour du Parlement s’est avérée particulièrement tendue, avec un déploiement massif des forces de l’ordre pour prévenir tout rassemblement. Cette atmosphère de répression s’est étendue à l’espace public, où des échauffourées ont éclaté, et à l’espace numérique, avec la coupure de l’internet mobile justifiée par le gouvernement comme une mesure préventive contre les risques de troubles. Cette stratégie de contrôle a été vivement critiquée par des organisations de défense des droits numériques, qui y voient une atteinte à la liberté d’expression.
Le Sénégal, reconnu pour sa stabilité politique en Afrique de l’Ouest, fait face à une crise politique inédite qui met en jeu non seulement son image démocratique mais également la confiance de ses citoyens dans le processus électoral. Les répercussions de ce report et les mesures de répression associées risquent de marquer profondément le paysage politique sénégalais, à l’approche d’une élection présidentielle sous haute surveillance.
La décision de reporter les élections présidentielles a suscité une vague de contestations au sein de la population, ainsi qu’au niveau international. Les acteurs de la société civile, ainsi que les observateurs internationaux, appellent à un dialogue inclusif pour préserver les acquis démocratiques du pays et éviter une escalade de la violence. La coupure d’internet, en particulier, a été dénoncée comme une mesure qui aggrave la tension et met en péril les droits fondamentaux des citoyens.