En 2024, les pays africains se trouvent face à un défi majeur : celui de devoir allouer près de 74 milliards de dollars au service de leur dette. Ce chiffre, révélé par un rapport récent de la Banque africaine de développement (BAD), marque une augmentation considérable par rapport aux 17 milliards de dollars de 2010, soulignant une pression financière accrue sur les économies du continent.
Cette charge représente non seulement un poids financier considérable mais réduit également l’espace budgétaire destiné à des investissements cruciaux pour le développement. Secteurs comme la santé, l’éducation et les infrastructures, essentiels à la croissance économique et au développement du capital humain, se retrouvent financièrement asphyxiés, compromettant l’avenir socio-économique de la région.
Ce fardeau de la dette s’inscrit dans un contexte de deux décennies durant lesquelles les pays africains ont bénéficié d’un afflux de financements par des investisseurs privés, attirés par des rendements élevés. La dette due à ces créanciers privés représente désormais 54 % du total, exacerbant les risques de refinancement pour des pays comme l’Angola, le Kenya, la Côte d’Ivoire et le Nigeria, confrontés à d’importants remboursements en 2024.
Face à cette situation, il apparaît crucial d’intégrer les créanciers privés dans les mécanismes de restructuration de la dette, comme le suggère le Cadre commun de traitement de la dette du G20. Jusqu’à présent, seul le Tchad a réussi à négocier un accord incluant ses principaux créanciers privés, soulignant la nécessité d’une approche plus globale pour atténuer la pression de la dette sur les économies africaines.
La part grandissante du service de la dette dans les budgets nationaux a des répercussions directes sur le financement des secteurs clés. Avec des dépenses publiques en santé et éducation nettement inférieures aux moyennes mondiales, l’Afrique risque de se retrouver en marge du développement socio-économique mondial, compromettant sa croissance future et le bien-être de ses populations.
Cette réalité financière pose un défi de taille pour l’Afrique, rappelant les conséquences désastreuses de la crise de la dette latino-américaine des années 1980. Pour éviter un scénario similaire, il est impératif de rééquilibrer les priorités budgétaires et d’engager des négociations pour une restructuration de la dette qui inclut tous les créanciers. L’avenir économique de l’Afrique dépendra de sa capacité à naviguer entre les exigences du service de sa dette et les impératifs de développement durable.