Le Burkina Faso a pris une décision marquante en suspendant l’exportation de l’or produit artisanalement. Cette mesure, annoncée par le ministre des Mines, Yacouba Zabré Gouba, le 20 février, vise officiellement à “mieux organiser le secteur” et répondre à un “besoin d’assainissement”. Avec une production annuelle estimée à dix tonnes pour l’artisanat et 57,6 tonnes pour les sites industriels en 2022, l’or représente une manne financière cruciale pour le pays, étant la première source de recettes de l’État et son principal produit d’exportation.
Cette suspension cherche à optimiser les bénéfices économiques tirés de cette ressource précieuse. L’objectif est multiple : améliorer les recettes de l’État, alimenter la future raffinerie nationale, et financer la sécurité intérieure. Selon des analystes, cette démarche pourrait également viser à rationaliser l’activité minière artisanale pour en limiter les risques sécuritaires, notamment en réduisant le financement d’activités terroristes par l’orpaillage illégal, une préoccupation soulignée dans un récent rapport de l’ONU.
L’annonce a provoqué une onde de choc parmi les acteurs du secteur, certains exprimant leur surprise et leur inquiétude. Cependant, il est important de noter que les producteurs légalement établis et opérant dans le cadre officiel ne sont pas les cibles de cette mesure. Le rappel d’un encadrement similaire dans les années 1990 indique que la démarche n’est pas inédite mais s’inscrit dans une volonté de reprise en main de la filière par les autorités.
Désormais, les producteurs devront s’orienter vers la vente directe à la Société nationale des substances précieuses, ce qui soulève des questions quant à la mise en œuvre de cette réglementation : modalités de collecte, prix d’achat, disponibilité des liquidités, et sort des contrats préexistants avec des entités étrangères. Ces interrogations demeurent en suspens, témoignant de la complexité de l’application de cette nouvelle politique.