En Éthiopie, la production d’électricité a connu une augmentation spectaculaire grâce à la construction du méga-barrage sur le Nil. Cette nouvelle capacité électrique, passant de 2 à 10 gigawatts en cinq ans, attire l’attention des mineurs de bitcoins. Une vingtaine d’entreprises ont déjà signé des contrats avec le gouvernement pour installer leurs équipements de minage dans le pays.
Cette explosion de la production électrique en Éthiopie est une aubaine pour les mineurs de bitcoins. Malgré cette abondance énergétique, une grande partie de la population reste privée d’électricité en raison du manque d’investissements dans les infrastructures. Le coût de la construction des infrastructures nécessaires est estimé à 10 milliards de dollars, laissant des centaines de milliers de mégawatts inutilisés. C’est dans ce contexte que les mineurs de bitcoins ont vu une opportunité d’obtenir de l’énergie à bas prix.
Le minage de bitcoin est un processus informatique énergivore par lequel la cryptomonnaie est créée. Nemo Semret, cofondateur de QRB Labs, a été l’un des premiers à reconnaître le potentiel éthiopien en 2021. Il s’apprête à installer son premier conteneur de machines de minage dans une sous-station électrique, avec l’idée de rester mobile pour s’adapter à la demande en électricité. Semret explique que le bitcoin mining utilise l’énergie excédentaire, sans priver d’autres utilisateurs de cette ressource précieuse.
Le secteur du minage de bitcoin est extrêmement compétitif à l’échelle mondiale. Pour être rentable, les mineurs doivent équilibrer le coût de l’énergie avec celui du matériel. Actuellement, sur les 21 entreprises qui ont signé des contrats en Éthiopie, seules quatre sont réellement actives. Nemo Semret loue des infrastructures à des entreprises étrangères qui payent en dollars, car les transactions en bitcoin sont interdites en Éthiopie. Kal Kassa, consultant en bitcoin, prévoit que les mineurs pourraient générer un à deux milliards de dollars de revenus dans l’année à venir, avec 10% de cette somme allant à Ethiopian Electric Power.
Si les prévisions de Kal Kassa se réalisent, 200 millions de dollars pourraient être versés à la société nationale d’électricité pour financer les lignes de transmission, une décision qui dépendra du gouvernement. Ce nouveau secteur représente un moyen rapide de générer des devises étrangères pour l’Éthiopie, un pays en manque chronique de devises.
Cependant, le développement du minage de bitcoin en Éthiopie est entravé par l’absence de cadre législatif clair. Kal Kassa souligne l’importance de mettre en place une loi spécifique pour rendre ce secteur plus transparent, en réglementant le coût de l’énergie, les taxes, les droits de douane et le régime d’importation. Un environnement législatif favorable pourrait protéger ce marché de la corruption et assurer sa rentabilité à long terme.