Abdoulaziz al-Hassan est jugé devant la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas. C’est la reprise de son procès qui a débuté en juillet 2020 et a été plusieurs fois interrompu. Ce lundi 9 mai 2022, la parole est à la défense.
L’ancien pharmacien est devenu patron de la police islamique de Tombouctou entre 2012 et 2013 quand la ville était aux mains des jihadistes d’Ansar Dine et d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Abdoulaziz al-Hassan doit répondre de treize chefs d’accusation, notamment de torture, d’esclavage sexuel, de viols ou d’attaque contre des monuments religieux. Lors de cette reprise des audiences, ce matin, la parole était à la défense pour une sorte d’introduction.
Pendant plus de trois heures, les avocats de la défense se sont succédé pour exposer leur stratégie. Elle est assez simple et consiste à minimiser la responsabilité individuelle d’al-Hassan dans les faits qui lui sont reprochés.
Un petit poisson
Il était un petit poisson, explique maître Melinda Taylor, un pion dans le système obligé d’exécuter les décisions du tribunal islamique. « C’est ce que font tous les agents de police du monde, poursuit l’avocate. Les notions mêmes d’ordre et de loi reposent sur ce principe. »
Les avocats sont aussi revenus sur le contexte de l’époque et ils sont remontés assez loin dans le temps jusqu’aux premières rébellions touarègues. L’abandon du nord du pays par l’État malien, les promesses de développement non tenues, les rébellions réprimées dans le sang, la politique double menée par Bamako et le coup d’État de 2012 ont provoqué, selon les conseils d’al-Hassan, les violences de cette période.
Maître Melinda Taylor a rappelé d’ailleurs qu’Ansar Dine et Aqmi n’étaient pas les seuls groupes armés présents dans la région de Tombouctou à l’époque. Compte tenu du chaos ambiant, en se mettant au service d’Ansar Dine, al-Hassan a peut-être simplement fait le choix le moins mauvais, a conclu son avocate.