Ayant fait sa fortune aux États-Unis, Elon Musk est d’abord un enfant de Pretoria. Le Sud-Africain y est né en juin 1971 et y a fait une partie de ses études. Il étudiait au lycée pour garçons de Pretoria, institution centenaire dont sont issus deux prix Nobel. Garçon discret, il n’a pas marqué les esprits en tant qu’élève, mais les nouvelles générations d’étudiants sont inspirées par son parcours.
Superbes bâtiments en pierres, bibliothèques en bois et fontaines… Le lycée pour garçons de Pretoria est un établissement traditionnel où les élèves étudient en costume. Comme le faisait Elon Musk une trentaine d’années avant eux.
Son parcours fascine Joshua Le Roux, 18 ans, qui a dévoré sa biographie. « C’est un visionnaire, il est passionné, peu importe le domaine dans lequel il s’investit, que ça soit Twitter, Space X, Tesla, il en fait quelque chose de super, voire d’inédit grâce à son esprit créatif. »
Fibre futuriste
Plus de 40 milliards de dollars dépensés pour acheter Twitter, était-ce bien raisonnable ? Ross Gillesen, 17 ans, ne remet pas en question les investissements d’Elon Musk. « Peu importe ce qu’il fait, il peut le transformer en succès. Je ne fais pas vraiment attention au côté sensationnel de l’actualité autour d’Elon Musk. Ce qui m’intéresse beaucoup plus, c’est son industrie automobile. Lui et moi partageons la même passion pour ce secteur. »
Les projets futuristes d’Elon Musk résonnent avec la fibre pour la science-fiction de certains adolescents qui terminent le lycée. « Il veut vraiment que l’on explore l’espace, il veut voir des colonies sur Mars et pour tout vous dire j’adhère complètement à cette vision », s’enthousiasme Adedamola Yusuff, 17 ans. « C’est peut-être de la pure naïveté, ou parce que je suis encore un gamin et que j’ai beaucoup d’imagination, mais je suis excité à l’idée d’un tel futur, c’est palpitant. »
« Pas attaché à l’Afrique du Sud »
À l’autre bout de la table, leur professeur d’histoire et principal du lycée, les écoute attentivement et avec une pointe de scepticisme. « Ce qui m’inquiète, c’est que l’on finisse par admirer quelqu’un pour sa fortune plutôt que pour les valeurs qu’il incarne », exprime John Illsney. « Concernant Twitter, je ne comprends pas l’intérêt de dépenser des milliards pour ça, j’imagine qu’il existe de bien meilleures façons d’investir son argent. »
« Je ne pense pas qu’il soit très attaché à l’Afrique du Sud et pourtant j’estime que quand on se fait autant d’argent, il y a comme une obligation morale de regarder d’où on vient », poursuit le professeur principal, soucieux de nuancer le portrait flatteur que ses élèves dressent d’Elon Musk. John Illsney souhaiterait que l’entrepreneur sud-africain, naturalisé canadien puis américain, vienne passer une journée dans son ancienne école : ce serait une manière pour lui de reprendre racine.