Des infirmières africaines, recrutées pour travailler au Québec dans le cadre d’un programme visant à attirer 1 000 professionnels de la santé, se disent victimes d’expulsions injustifiées de leurs programmes d’études. Plusieurs d’entre elles affirment avoir été exclues après avoir échoué à un seul cours dans une série de modules de formation destinés à aligner leurs compétences avec les normes québécoises de soins infirmiers.
Ce programme, lancé en 2022, avait pour objectif de combler le manque de personnel infirmier dans les régions du Québec. Cependant, pour ces infirmières, cet espoir de nouvelle carrière s’est transformé en piège. Selon elles, les raisons de leur exclusion ne se limitent pas à des résultats académiques insuffisants, mais relèvent aussi de traitements discriminatoires, voire d’harcèlement.
Certaines infirmières évoquent des comportements humiliants et racistes de la part de leurs superviseurs et enseignants. Elles rapportent des incidents tels que la distribution de déodorant à leur intention, ou des remarques dégradantes en classe, comme l’affirmation que “la majorité des Africains sont porteurs de maladies sexuellement transmissibles”. Celles qui ont osé dénoncer ces abus affirment avoir ensuite reçu des notes insuffisantes, menant à leur exclusion définitive.
Ce problème prend une ampleur dramatique pour ces professionnelles qualifiées qui, dans leur pays d’origine, occupaient des postes respectés. Roselyne Koa Ndzana, ancienne infirmière-chef adjointe en Abitibi-Témiscamingue, a été licenciée après avoir publiquement dénoncé ces injustices. Originaire du Cameroun et ayant travaillé en France avant de venir au Québec, Ndzana se retrouve aujourd’hui avec une carrière brisée et un avenir incertain.
Les perspectives pour ces infirmières africaines sont aujourd’hui limitées. Expulsées de leurs programmes de formation et sans revenu stable, elles réclament des mesures urgentes pour leur permettre de reprendre leur carrière et de subvenir à leurs besoins. Une conférence de presse organisée par le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) a mis en lumière ces témoignages, appelant à une intervention rapide des autorités pour corriger ces injustices.