L’agence de notation américaine Moody’s a annoncé le 4 octobre 2024 la dégradation de la note du Sénégal, désormais classée à “B1”. Ce recul est principalement dû à un déficit budgétaire plus élevé que prévu, atteignant 10 % du produit intérieur brut (PIB), ainsi qu’à un endettement public représentant 84 % du PIB.
L’audit des finances publiques mené par les nouvelles autorités sénégalaises a révélé une situation budgétaire bien plus préoccupante que ce qui avait été précédemment annoncé. Alors que l’ancien gouvernement estimait le déficit budgétaire à 5 % du PIB, il s’avère qu’il est en réalité du double. Quant à la dette publique, elle représente 10 % de plus que les 74 % annoncés auparavant, ce qui a déclenché l’abaissement de la note par Moody’s.
La décision de Moody’s intervient dans un contexte où le Sénégal fait face à des défis financiers croissants. Le poids de la dette est devenu un frein majeur pour l’économie, limitant la capacité du pays à absorber des chocs financiers et augmentant sa vulnérabilité à des conditions de financement plus strictes. Avec cette nouvelle notation, le Sénégal se retrouve dans la catégorie des investissements « très spéculatifs », loin d’un défaut de paiement, mais avec un risque accru pour les investisseurs.
La dégradation de la note entraînera une hausse des taux d’intérêt pour le Sénégal, rendant les emprunts plus coûteux. Cette situation obligera le gouvernement à renforcer ses discussions avec le Fonds Monétaire International (FMI), qui a d’ailleurs déjà revu à la baisse ses prévisions de croissance pour le pays, passant de 7,1 % à 6 %. Une vigilance accrue dans la gestion des finances publiques sera donc nécessaire dans les mois à venir.
Malgré cette dégradation, les autorités sénégalaises ont exprimé leur engagement à rétablir la confiance des marchés. Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment reconnu l’ampleur du problème de l’endettement et a promis de ramener la dette publique sous les 70 % du PIB d’ici 2025. Ce plan inclut également une réduction significative du déficit budgétaire.
Selon l’économiste Meissa Babou, bien que le Sénégal soit désormais sous surveillance, les perspectives économiques du pays restent positives. Si les mesures promises sont mises en œuvre rapidement, la confiance des marchés financiers pourrait être rétablie à court terme. Les efforts des autorités sénégalaises seront donc déterminants pour redresser la situation et éviter une nouvelle dégradation.