Le Jour : Cécile Ambatinda
Les élèves enceintes pourront demander un congé de maternité à 26 semaines et reprendre les cours après l’accouchement.
Le phénomène des grossesses des élèves-filles en milieu scolaire est courant au Cameroun. Les jeunes élèves enceintes dans les établissements scolaires se voient systématiquement exclues. On se souvient encore de ce proviseur du lycée d’Ezezang-Medoum dans le département de la Lekié qui avait mis hors de son établissement une quinzaine d’élèves enceintes en 2017. Le ministre des Enseignements secondaires, Nalova Lyonga fixe une nouvelle réglementation pour la gestion des cas de grossesses d’élèves par les responsables de l’administration scolaire.
Dans la circulaire du 22 avril 2022 à l’endroit des délégués régionaux, des délégués départementaux, des secrétaires à l’Education et des chefs d’établissements scolaires, le MINESEC relève que l’exclusion systématique des élèves enceintes est une pratique qui accentue les déperditions scolaires chez les élèves-filles. Celle-ci porte également en faux aux orientations du gouvernement en matière du maintien scolaire de tous les élèves sans discrimination, la prise en compte de l’approche genre, ainsi que la lutte contre l’exclusion des couches sociales vulnérables.
A la suite de ces constats, Nalova Lyonga prescrit plusieurs mesures qui abrogent toutes les dispositions antérieures contraires notamment la circulaire N°10/A/562/MINEDUC/ESG/DET P/DEPM/DEP du 19 janvier 1980 relative à la grossesse des élèves dans les établissements privés et publics de la République unie du Cameroun. Ces dispositions tendent à permettre le cas échéant l’élève dument reconnue enceinte de poursuivre les activités scolaires jusqu’à la 26ème semaine de grossesse, période à compter de laquelle elle peut demander à être mise en congé de maternité ; à autoriser l’élève à reprendre les cours après accouchement ; et dans la mesure où les conditions de santé de travail, de d’âge, de discipline sont remplies.
Les destinataires de la circulaire sont aussi appelés à mobiliser autant que faire se peut les ressources humaines à votre disposition, en vue de l’accompagnement psychosocial et psychologique de l’élève concernée ; à appliquer les mêmes mesures à l’encontre de l’élève auteur de la grossesse. L’enseignant et autres personnels d’encadrement reconnus auteurs de la grossesse de l’élève seront soumis à des mesures disciplinaires en vigueur. Des mesures visant à dynamiser les prestations tant pédagogiques que psychopédagogiques en matière de promotion de la santé reproductive chez les élèves doivent être prises. La sortie du ministre des Enseignements secondaires suscite déjà de vives réactions. « Voilà ! Que les chefs de structure aménagent des pavillons maternités dans leurs infirmeries, voire recrutent des sage-femmes pour les besoins de la cause. L’école en fumée », estime un enseignant. Un autre renchérit : « C’est mal connaître les jeunes filles. Il faut les encadrer et sanctionner correctement l’auteur ! Ça me fait rire. L’auteur est parfois lui-même aussi naïf que la victime. En tout cas, allons seulement ».
Rolande Cyrille Bechon, directrice exécutive de Nouveaux droits de l’homme apprécie la circulaire du MINESEC . « La pratique était l’exclusion totale. Ce qui est une aberration de voir que les jeunes filles pouvaient facilement décrocher du fait de la grossesse. Ce décrochage est extrêmement grave et impacte leur des filles et celle de leurs familles. L’exclusion ne résolvait pas le problème », précise-t-elle. Pour elle, il faut aller en amont pour comprendre la situation des jeunes filles qui est un problème de société. Elle précise aussi la nécessité des réponses gouvernementales globales. « La ministre a parlé d’un accompagnement psychosocial et psychologique, ce n’est pas à l’enseignant de le faire, il n’en a pas les compétences. Il faut que la ministre accompagne cette circulaire des infrastructures appropriées pour accompagner les jeunes filles dans tout qui concerne la sexualité, la reproduction.