Le Botswana se prépare à des élections présidentielles et parlementaires ce mercredi 30 octobre, avec quatre candidats, dont le président actuel Mokgweetsi Masisi. L’événement le plus marquant de cette campagne a été le retour d’exil de l’ancien président Ian Khama, qui était autrefois le mentor de Masisi. Khama est revenu pour critiquer publiquement Masisi, et cette prise de position inattendue menace la réélection du président sortant, rendant la scène politique du Botswana encore plus polarisée.
Depuis son retour il y a six semaines, Ian Khama a lancé une campagne ouverte contre Masisi, alors qu’il l’avait lui-même choisi comme successeur en 2018. Khama accuse Masisi de mettre en péril la démocratie et de manipuler le système judiciaire. Bien que Masisi reste le favori du Parti démocratique du Botswana, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1966, ces attaques affaiblissent sa position et divisent l’électorat. En plus de cela, Masisi doit défendre son bilan économique, qui n’est pas très encourageant, marqué par une croissance lente et un taux de chômage élevé.
Ian Khama a toujours été une figure influente au Botswana. Il a dirigé le pays de 2008 à 2018 et jouit toujours d’une grande popularité. Son soutien à Masisi lors de la transition de pouvoir en 2018 avait permis de maintenir l’unité au sein du Parti démocratique. Cependant, la rupture publique entre les deux hommes a affaibli cette unité et jeté le doute sur la direction politique du pays. La rivalité entre Masisi et Khama a ajouté de la tension à une élection déjà compliquée.
Malgré les critiques de Khama, Masisi espère toujours être réélu. La division au sein de l’opposition, avec trois partis qui présentent des candidats, pourrait jouer en sa faveur. En 2018, Masisi avait remporté l’élection avec 52 % des voix, et il continue de promettre des mesures économiques pour aider la population, comme il l’a déclaré lors du dernier débat. La fragmentation de l’opposition reste ainsi un facteur déterminant pour son succès potentiel.
Le contexte économique n’est cependant pas très favorable. Le Botswana, bien qu’étant l’un des plus grands producteurs de diamants au monde, est actuellement frappé par la baisse des prix de cette ressource essentielle, réduisant de moitié les revenus miniers au premier semestre 2024. La situation est d’autant plus préoccupante que le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance plafonnant à seulement 1 % cette année, bien en dessous des niveaux passés. Le chômage, qui est déjà supérieur à 25 %, risque de continuer à augmenter.
Malgré ce climat économique morose, le gouvernement botswanais a choisi de ne pas réduire ses dépenses publiques. Le budget national présenté en février 2024 a même augmenté de 23 %, avec une priorité donnée aux infrastructures hydrauliques, routières et ferroviaires. L’avenir du Botswana dépendra en grande partie de la capacité du futur président à naviguer ces défis économiques tout en conservant la confiance de la population.