La campagne des élections législatives à Maurice s’est terminée le vendredi 8 novembre dans un climat tendu et controversé. Environ un million d’électeurs se prépareront à voter le dimanche 10 novembre pour choisir leurs représentants dans les 21 circonscriptions de l’île. La compétition est très serrée entre deux principales coalitions politiques : l’Alliance du peuple, dirigée par la majorité sortante, et l’Alliance du changement. La campagne a été marquée par des scandales, notamment des accusations d’écoutes illégales qui ont ébranlé la majorité sortante.
Le vendredi soir, les deux coalitions ont organisé de grands rassemblements pour tenter de rallier les électeurs encore indécis. Des cortèges de voitures et de motos ont envahi les rues, tandis que les candidats tenaient leurs dernières réunions publiques. Après six semaines d’une campagne très intense, le calme est revenu à Maurice le samedi 9 novembre, en raison du silence électoral imposé avant le scrutin.
Cette élection a été marquée par des événements qui n’ont jamais eu lieu auparavant dans l’histoire du pays. Une semaine avant le vote, les autorités ont temporairement suspendu l’accès aux réseaux sociaux, prétextant des raisons de sécurité nationale, mais ont finalement reculé après une forte réaction publique. En outre, des écoutes téléphoniques ciblant des journalistes, des hommes politiques et d’autres personnalités ont été dévoilées. Les enregistrements, diffusés par un informateur anonyme, montrent que le gouvernement a cherché à influencer des institutions clés comme la police et la justice. Ces révélations ont sérieusement ébranlé l’Alliance du peuple et ont mis le Premier ministre Pravind Jugnauth dans une position difficile.
Au début de la campagne, Pravind Jugnauth espérait que la reconnaissance par le Royaume-Uni de la souveraineté mauricienne sur les îles Chagos pourrait renforcer sa position politique. Cette reconnaissance, qui a mis fin à un différend diplomatique datant de l’indépendance de Maurice en 1968, aurait dû être un atout majeur pour le gouvernement sortant. Cependant, les électeurs semblent beaucoup plus préoccupés par des problèmes concrets comme la hausse du coût de la vie, la sécurité et la lutte contre la drogue, reléguant la question des Chagos au second plan.
Un autre élément ayant pesé sur la campagne est l’implication de l’épouse du Premier ministre dans plusieurs affaires, ce qui a accentué la perte de confiance du public envers l’Alliance du peuple. En conséquence, l’Alliance du changement, dirigée par l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, semble avoir gagné du terrain. Ramgoolam, avec son expérience et son charisme, se présente comme une alternative sérieuse pour les électeurs déçus par les scandales touchant le gouvernement actuel.
Alors que Maurice s’apprête à voter, l’issue de l’élection reste incertaine. Les électeurs sont partagés entre ceux qui veulent la stabilité et ceux qui cherchent un changement, dans un climat de méfiance envers la classe politique. Ce scrutin pourrait être un moment décisif pour l’île, alors que les enjeux économiques, sociaux et institutionnels sont plus importants que jamais. Le résultat de ce vote déterminera la direction que prendra Maurice dans les années à venir.