Le Comité des Nations unies contre la torture a interpellé les autorités camerounaises sur les conditions déplorables de détention dans les prisons du pays. Dans son rapport, l’ONU dénonce l’insalubrité, l’absence de soins adéquats et la surpopulation carcérale, appelant à des mesures concrètes pour améliorer le quotidien des détenus. Ces observations sont soutenues par des recommandations urgentes visant à garantir un cadre plus humain et respectueux des droits des personnes privées de liberté.
Afin de remédier à ces carences, le Comité recommande notamment de décongestionner les maisons d’arrêt. Une meilleure régulation de la détention provisoire est demandée, avec des périodes de rétention limitées et bien encadrées. Le Comité propose aussi d’allouer davantage de ressources au secteur pénitentiaire, pour assurer une meilleure prise en charge médicale des détenus, y compris sur le plan de la santé mentale, et d’améliorer l’accès aux soins des prisonniers, en particulier ceux vivant avec un handicap.
Les prisons camerounaises souffrent depuis des années d’une surpopulation chronique. Le Comité des Nations unies estime qu’environ 30 000 détenus occupent des espaces conçus pour n’accueillir que 9 000 personnes. Cette situation aggrave les mauvaises conditions de vie : manque d’hygiène, absence de ventilation, et accès limité à de la nourriture et de l’eau. Les infrastructures vieillissantes et insuffisantes contribuent également à ces problèmes, plaçant les autorités devant un défi majeur en matière de droits humains.
Face à ces critiques, le Ministère de la Justice du Cameroun a, depuis plus d’une décennie, entrepris des efforts pour moderniser le système carcéral. En 2008, des projets tels que la réhabilitation de dix prisons centrales, la construction de nouvelles infirmeries et l’amélioration de l’approvisionnement ont été menés. Plus récemment, des dotations spéciales du Président Paul Biya ont permis de construire de nouvelles prisons et de renforcer la sécurité de certaines autres, afin de répondre à la demande croissante et d’améliorer les conditions de vie en détention.
Outre la question de la surpopulation, le Comité de l’ONU insiste sur l’importance d’accorder des soins de qualité aux détenus. La prise en charge médicale, y compris pour la santé mentale, reste insuffisante. Les autorités sont également appelées à faciliter l’accès aux activités éducatives et récréatives, nécessaires à la réinsertion des détenus après leur libération. Le manque de telles initiatives limite les chances des détenus de se réintégrer dans la société, alimentant ainsi un cycle de récidive.
Bien que certaines actions aient été entreprises, il reste beaucoup à faire pour assurer des conditions de détention conformes aux normes internationales. Le Comité des Nations unies exhorte le Cameroun à poursuivre ses efforts et à renforcer ses engagements pour offrir aux détenus un cadre de vie digne. Les mesures proposées, comme la réduction du nombre de détenus par la décongestion des prisons et l’amélioration des infrastructures, pourraient, si elles sont pleinement mises en œuvre, représenter un tournant significatif pour le système pénitentiaire du pays.