Prince Johnson, ancien chef de guerre libérien et sénateur du comté de Nimba, est mort à l’âge de 72 ans, selon les médias locaux. Sa disparition marque la fin d’une époque pour une figure marquante de la politique libérienne. Johnson, connu pour son rôle durant les guerres civiles et son influence politique, est décédé à l’hôpital Hope for Women de Paynesville, près de Monrovia. Pour l’instant, la cause de son décès reste inconnue.
Prince Johnson est devenu célèbre pendant la Première guerre civile du Liberia en 1989. Il était d’abord allié à Charles Taylor, qui deviendra plus tard président, et a acquis une réputation brutale lors de la capture et de l’exécution du président Samuel Doe en 1990, une scène tristement célèbre qui a été filmée. Après s’être brouillé avec Taylor, Johnson s’est exilé au Nigeria, où il s’est converti au christianisme et est devenu pasteur. Il est revenu au Liberia et a été élu sénateur du comté de Nimba en 2005, poste qu’il a occupé jusqu’à sa mort.
En 2011, Prince Johnson a terminé troisième lors de l’élection présidentielle et est devenu un allié important pour les présidents suivants, comme George Weah et Joseph Boakai. Grâce à son influence dans le comté de Nimba, il a joué un rôle majeur dans la politique libérienne, aidant les candidats à remporter la présidence. Malgré ses actions passées, il est resté influent et respecté par certains, en raison de son rôle stratégique lors des élections, notamment celle de Boakai, où il a rassemblé plus de 74 % des voix dans sa région.
Prince Johnson laisse derrière lui un héritage compliqué. Il est vu par beaucoup comme un chef de guerre impitoyable, jamais jugé pour ses crimes passés. Son refus de soutenir la création d’un tribunal pour juger les crimes de guerre entre 1989 et 2003 a été vivement critiqué. Pour de nombreux Libériens, il incarne les horreurs de la guerre et l’impunité qui persiste encore aujourd’hui dans le pays.
Johnson n’a jamais montré de regrets pour ses actes violents. En 2008, il a même avoué sur RFI avoir participé à l’assassinat du président burkinabè Thomas Sankara pour aider Blaise Compaoré à prendre le pouvoir. Ces aveux ont renforcé son image d’homme violent et sans remords. Cependant, pour certains de ses partisans, il était un homme fort, perçu comme nécessaire à la stabilité politique du Liberia pendant une période de reconstruction fragile.
La mort de Prince Johnson pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour le Liberia. De nombreuses voix demandent justice pour les victimes des guerres civiles. La question de la responsabilité des crimes de guerre est toujours présente, et beaucoup espèrent que la disparition de Johnson permettra de relancer le débat sur la création d’un tribunal spécial. Sans lui pour s’y opposer, le Liberia pourrait enfin être capable de faire face à son passé difficile et de progresser vers la justice.