Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a échappé, samedi 7 décembre, à une tentative de destitution au Parlement. Malgré une mobilisation massive devant l’Assemblée nationale à Séoul, seuls 195 députés sur les 300 que compte l’hémicycle ont participé au scrutin. Or, une majorité qualifiée de 200 voix était requise pour que la motion soit adoptée. « En conséquence, je déclare que le vote sur cette question est invalide », a annoncé Woo Won-shik, président de l’Assemblée.
Dès les premières heures de la journée, des dizaines de milliers de manifestants ont convergé vers l’enceinte parlementaire, transformant la route à huit voies environnante en une immense zone de rassemblement. Équipés de banderoles proclamant « Destituez Yoon » et « Insurrection criminelle », les manifestants scandaient des slogans tels que « La Corée du Sud est une république démocratique ». Malgré cette pression populaire, l’unité nécessaire au sein de l’hémicycle pour démettre le président a fait défaut.
La tentative de destitution intervient dans un climat politique extrêmement polarisé. Le président Yoon Suk-yeol, accusé par ses opposants de dérives autoritaires, avait proclamé, quelques jours auparavant, un état d’urgence sous la forme d’une loi martiale. Cette décision, présentée comme une réponse aux « menaces communistes » de la Corée du Nord, a provoqué une levée de boucliers parmi les députés de l’opposition et une grande partie de la société civile. Sous la pression parlementaire et populaire, cette loi a été abrogée dans les heures suivant son annonce.
Malgré les critiques, le chef de l’État peut encore compter sur le soutien de son parti, le Parti du pouvoir populaire (PPP), bien que des divisions internes commencent à apparaître. Selon un sondage récent, plus de 70 % des Sud-Coréens se disent favorables à une destitution, ce qui pourrait affaiblir davantage la position de Yoon Suk-yeol à l’avenir. Ses excuses publiques, jugées insuffisantes par de nombreux observateurs, n’ont pas réussi à calmer les tensions.
La crise a également été marquée par une mobilisation exceptionnelle de la société civile. Les images de milliers de citoyens bloquant pacifiquement les forces spéciales aux portes du Parlement ont illustré une détermination populaire à sauvegarder les principes démocratiques. Pour de nombreux observateurs, cet épisode constitue un tournant dans l’évolution politique récente du pays.
La suite des événements reste incertaine. Si le président a momentanément évité la destitution, son avenir politique semble compromis. Les débats autour de la gestion de cette crise et des accusations portées contre lui pourraient dominer l’agenda politique sud-coréen dans les mois à venir, redéfinissant les rapports de force au sein du pays.