À trois semaines des élections législatives, provinciales et communales prévues le 29 décembre, l’opposition tchadienne a officiellement donné le coup d’envoi de sa campagne de boycott actif. Dimanche 8 décembre, à Ndjamena, le collectif Gcap a organisé une conférence de presse pour dénoncer un scrutin qu’il juge illégitime et appeler les citoyens à ne pas se rendre aux urnes.
Les leaders de l’opposition pointent du doigt l’absence de transparence et de crédibilité dans le processus électoral. Selon le professeur Avocksouma Djona Atchénémou, président du parti les Démocrates, « les résultats sont connus d’avance, et les voix des électeurs n’ont aucun poids ». Le docteur Nasour Koursami, leader des Patriotes, renchérit : « Certains candidats utilisent déjà leurs titres de ‘députés’ avant même la fin de la campagne. Pourquoi organiser un tel simulacre si tout est joué d’avance ? »
Le boycott trouve ses racines dans une frustration profonde face à la situation socio-économique du Tchad. Malgré des décennies de pouvoir exercé par le MPS, le parti présidentiel, les conditions de vie de la population n’ont pas connu d’amélioration significative. Les infrastructures de base, comme l’eau, l’électricité ou les routes, restent défaillantes, et le taux de pauvreté avoisine les 50 %. Selon le professeur Atchénémou, « le Tchad n’est pas un pays pauvre, mais un pays appauvri ».
Pour amplifier son appel au boycott, le collectif Gcap a formé 300 jeunes militants chargés de sensibiliser la population à travers les 23 provinces du pays. Cette campagne, qui a débuté à Ndjamena, s’étendra progressivement aux zones rurales, où les défis sociaux sont particulièrement criants.
Si l’opposition parvient à mobiliser un large soutien populaire pour le boycott, la légitimité du processus électoral pourrait être remise en question. Ce mouvement risque également de renforcer les tensions politiques, dans un pays où les critiques contre le régime en place sont régulièrement réprimées.
Au-delà du boycott, l’opposition veut susciter une réflexion collective sur l’avenir du pays. En dénonçant les défaillances du régime, elle espère engager les citoyens dans une quête de réformes politiques et sociales profondes. Le professeur Atchénémou résume l’ambition du collectif : « Ce n’est pas un simple boycott. C’est un appel à ouvrir les yeux sur la réalité et à refuser l’inacceptable. »