À l’approche du renouvellement du mandat de la Monusco le 19 décembre, le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) modifie sa position concernant le départ de la mission onusienne. Après avoir exigé un retrait rapide de la Monusco en 2023, Kinshasa privilégie désormais une approche plus mesurée, proposant un départ graduel et coordonné. Cette nouvelle stratégie, qui inclut un soutien ciblé dans les zones encore vulnérables, marque un tournant dans la gestion de la présence des casques bleus en RDC.
Le gouvernement congolais insiste sur la nécessité de renforcer les capacités locales en matière de sécurité avant de procéder à tout retrait. Contrairement à l’approche initiale, qui prévoyait un retrait par province (Sud-Kivu, Nord-Kivu, et Ituri), Kinshasa propose maintenant une approche par zone. Cette nouvelle méthode vise à évaluer les conditions sur le terrain et à assurer une transition en douceur. Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité des Nations unies, les autorités congolaises soulignent l’importance de maintenir un soutien ciblé là où les forces locales manquent encore de ressources et de moyens, comme cela a été le cas à Kamanyola en février dernier.
Le contexte de cette révision de la stratégie est marqué par une situation sécuritaire complexe. La Monusco, présente en RDC depuis plus de 20 ans, fait face à des défis croissants, notamment en raison de l’instabilité persistante dans l’est du pays. Les autorités congolaises avaient initialement réclamé un départ rapide de la mission onusienne, notamment en raison de l’agacement face à l’incapacité de la Monusco à endiguer les violences des groupes armés. Cependant, les échecs de la première phase de retrait dans le Sud-Kivu, où des forces locales ont eu du mal à remplacer efficacement les casques bleus, ont conduit Kinshasa à reconsidérer sa position.
Face aux difficultés rencontrées sur le terrain, le gouvernement propose un retrait progressif de la Monusco, accompagné d’une évaluation minutieuse des capacités locales. Les autorités congolaises insistent sur la nécessité d’un transfert des tâches essentielles, telles que la protection des civils, en s’appuyant sur l’expertise et les ressources de la Monusco. Ce processus devrait être accompagné par un soutien plus direct et un renforcement des capacités locales pour éviter toute vacance sécuritaire. Le gouvernement a également réclamé la poursuite de l’accompagnement par des experts internationaux.
Dans le cadre de cette transition, Kinshasa appelle à un renforcement de la coopération entre la Monusco et d’autres initiatives régionales, telles que la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC). Cette collaboration devrait inclure un partage d’informations et un soutien logistique accru, afin d’améliorer l’efficacité des actions de sécurité et de développement. En intégrant ces partenariats régionaux, la RDC espère maximiser ses chances de stabilisation dans les zones encore sous contrôle d’acteurs extérieurs ou de groupes armés.
Enfin, le gouvernement congolais demande à ce que la résolution du renouvellement du mandat de la Monusco prenne en compte les rapports sur l’occupation illégale de territoires congolais par les Forces de Défense du Rwanda (RDF), un point qui reste au cœur des tensions entre les deux pays. Kinshasa souhaite que cette réalité soit explicitement reconnue, afin d’engager une pression diplomatique sur Kigali et de garantir une meilleure gestion des frontières et des zones sensibles. Cette demande reflète l’importance pour le gouvernement congolais de renforcer la souveraineté nationale dans un contexte de relations tendues avec le voisin rwandais.