Les cours du cacao continuent leur ascension, amorcée il y a un mois et demi, sous l’effet de vives inquiétudes sur la production en Côte d’Ivoire et au Ghana. Bien que la récolte de cette année s’annonce meilleure que celle de l’année dernière, marquée par une chute de 25%, les marchés restent nerveux, alimentant une hausse rapide des prix depuis début novembre.
Les volumes de fèves acheminées vers les ports d’Abidjan et de San Pedro, principaux indicateurs de la production ivoirienne, témoignent d’une reprise. Selon les chiffres de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO), les arrivées de fèves ont progressé de 34% par rapport à l’an dernier, représentant environ 187 000 tonnes supplémentaires. Toutefois, ce niveau demeure 10% inférieur aux résultats d’il y a deux ans, un écart qui nourrit les craintes des opérateurs internationaux.
L’un des facteurs clés de cette tension repose sur le besoin de compenser les déficits accumulés. Une partie de la récolte actuelle servira à honorer des contrats non remplis l’année précédente, faute de fèves disponibles. Cette situation exceptionnelle pèse lourdement sur les stocks mondiaux, qui jouent un rôle stratégique dans la régulation de l’offre.
Les stocks de cacao, essentiels pour amortir les baisses de production, se situeraient actuellement à l’équivalent de trois à quatre mois de consommation mondiale. Or, selon les estimations, ces réserves pourraient passer sous le seuil critique des trois mois lors de la prochaine évaluation en février 2025. Une telle situation provoquerait un renforcement des tensions et pourrait entraîner une nouvelle flambée des prix.
En tant que deux premiers producteurs mondiaux, la Côte d’Ivoire et le Ghana jouent un rôle central dans l’équilibre du marché. Mais des défis persistants, notamment climatiques et structurels, continuent de fragiliser leurs capacités de production. Les opérateurs craignent que ces difficultés ne se traduisent par des baisses durables, compromettant l’approvisionnement mondial.
Si la récolte actuelle suscite un optimisme mesuré, les perspectives pour la campagne 2024/2025 demeurent incertaines. Les tensions actuelles reflètent une demande croissante face à des disponibilités limitées. Les opérateurs, tout comme les industriels, surveilleront de près les chiffres de production et de stocks au cours des prochains mois, déterminants pour l’évolution des prix.