La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annoncé le 15 décembre la création d’un tribunal spécial pour juger les crimes commis en Gambie pendant la dictature de Yahya Jammeh entre 1994 et 2017. Environ 70 personnes, y compris Jammeh, qui vit en exil en Guinée Équatoriale, sont accusées d’avoir commis ces crimes.
Le président de la Gambie, Adama Barrow, a salué cette décision comme une « avancée historique ». C’est la première fois qu’une organisation régionale comme la Cédéao met en place une cour pour juger des crimes graves. La cour sera composée de juges et experts venant de la Gambie et d’autres pays voisins. Un procureur spécial sera choisi dans les prochains mois pour traiter ces affaires.
Pendant les 22 ans de pouvoir de Yahya Jammeh, de nombreux crimes graves ont été signalés. Une Commission vérité, réconciliation et réparation (TRRC), créée en 2018, a recueilli des témoignages qui parlent de 240 exécutions, de tortures, de viols et de disparitions forcées. Il y a aussi eu des abus comme l’administration de faux traitements contre le sida. Les conclusions de la commission ont poussé la Gambie à poursuivre environ 70 responsables.
La création de ce tribunal pourrait aider à renforcer la pression internationale pour traduire Yahya Jammeh en justice. Cependant, il y a des défis importants. La Guinée Équatoriale, où vit Jammeh, n’a pas d’accord d’extradition avec la Gambie. L’avocat Reed Brody estime que la pression de la Cédéao pourrait forcer le président de la Guinée Équatoriale à coopérer. Mais il faudra aussi trouver les fonds pour financer le tribunal, ce qui reste un autre obstacle.
Jusqu’à présent, les rares jugements contre des responsables du régime Jammeh ont eu lieu à l’étranger. En Suisse, un ancien ministre de l’Intérieur gambien a été condamné pour « crimes contre l’humanité ». En Allemagne, un ex-membre des escadrons de la mort a aussi été jugé coupable. D’autres procès pourraient avoir lieu aux États-Unis prochainement.
Pour les familles des victimes, ce tribunal représente une chance de justice après des années de silence. Ce processus judiciaire est essentiel pour tenir les responsables des crimes répondables. La communauté internationale et la Cédéao devront soutenir ce tribunal pour qu’il fonctionne correctement et permette enfin de tourner la page des années sombres du régime Jammeh.