Lors d’une visite à Djibouti, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la base militaire française dans ce pays se transformera en un « point de projection » pour des missions en Afrique. Cette réinvention s’inscrit dans une refonte stratégique, alors que la France reconfigure sa présence militaire sur le continent, notamment après son retrait forcé de plusieurs pays du Sahel.
Emmanuel Macron a souligné que cette évolution est nécessaire pour répondre aux changements en cours en Afrique. « Les opinions publiques, les gouvernements et le monde changent en Afrique », a déclaré le chef de l’État. La France souhaite désormais établir des partenariats basés sur le respect mutuel, axés sur la formation, l’équipement et le renseignement, plutôt que sur des bases permanentes qui suscitaient des ambiguïtés dans plusieurs pays.
Depuis 2022, la France a dû évacuer ses troupes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, des pays désormais dirigés par des juntes militaires proches de Moscou. La demande récente du Tchad et du Sénégal de fermer les bases françaises illustre la réorganisation de la présence militaire française en Afrique, où l’influence russe se renforce. Cette nouvelle posture témoigne d’un repositionnement stratégique après des déconvenues dans le Sahel.
Contrairement aux autres bases africaines, celle de Djibouti conserve son importance en raison de son rôle stratégique. Située au détroit de Bab-el-Mandeb, entre la mer Rouge et le golfe d’Aden, elle est un point névralgique pour le commerce mondial et la stabilité régionale. Avec 1 500 soldats sur place, la base participe aussi à la stratégie indo-pacifique française, en assurant la liberté de navigation en mer Rouge.
En juillet, la France et Djibouti ont renouvelé leur traité de coopération en matière de défense. En plus d’un loyer pour l’utilisation de la base, la France assure la surveillance aérienne du territoire djiboutien. Ce partenariat solide positionne Djibouti comme un îlot de stabilité dans une région troublée, avec un rôle clé dans la sécurité maritime internationale.
Le repositionnement à Djibouti illustre une volonté de réinventer le rôle de la France en Afrique, loin des schémas du passé. L’objectif est de développer des collaborations adaptées aux besoins locaux, tout en maintenant une capacité d’intervention stratégique. Ce modèle pourrait servir d’exemple pour les futures relations de la France avec ses partenaires africains, à l’heure où les attentes évoluent.