Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno sera officiellement promu au rang de maréchal lors d’une cérémonie solennelle prévue ce samedi. Une décision adoptée à l’unanimité par le Conseil national de transition (CNT), renforçant ainsi son héritage militaire et politique.
Cette promotion, validée début décembre par 160 voix contre deux, salue les “services rendus à la nation” et les “victoires militaires”, selon la résolution du CNT. Elle intervient dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et à seulement trois semaines des élections législatives et locales, les premières depuis plus d’une décennie.
Ce grade prestigieux rappelle le parcours de son père, Idriss Déby Itno, lui-même élevé au rang de maréchal en 2020 après une victoire décisive contre Boko Haram. À la tête du Tchad pendant 30 ans, il fut tué au front en 2021. Mahamat Déby, alors général, a succédé à son père en s’appuyant sur une junte militaire avant de consolider son pouvoir par un scrutin contesté.
Depuis sa prise de pouvoir, Mahamat Déby Itno a conduit plusieurs offensives contre Boko Haram, notamment après l’attaque d’une garnison tchadienne en octobre dernier. Ces opérations, où il a personnellement dirigé les troupes, marquent une continuité dans l’engagement militaire tchadien. Sur le plan diplomatique, sa décision de suspendre les accords militaires avec la France, qualifiés “d’obsolètes”, reflète une volonté d’autonomie stratégique accrue.
Alors que le Tchad se prépare à des élections cruciales, la promotion du chef de l’État au rang de maréchal suscite des interrogations sur l’équilibre entre politique et stratégie militaire. Les récentes pertes enregistrées contre Boko Haram, suivies d’un silence prolongé sur les suites des opérations, soulignent les défis persistants.
Avec le départ progressif des forces françaises, symbolisé par le retrait des Mirage 2000 et de 120 soldats français, le Tchad redéfinit son rôle dans une région en proie à l’instabilité. Cette transition marque un tournant pour Mahamat Déby Itno, qui devra conjuguer autorité militaire et légitimité politique pour asseoir son leadership.