Ce dimanche 22 décembre 2024, le président congolais Félix Tshisekedi s’est rendu discrètement au Burundi pour rencontrer son homologue Évariste Ndayishimiye. La rencontre, tenue dans l’enceinte de l’aéroport de Gitega, a duré deux heures. Aucun communiqué officiel n’a été publié à son issue, mais des questions de coopération bilatérale et de sécurité étaient au cœur des discussions, selon un post de la présidence congolaise.
Cette visite s’inscrit dans un contexte tendu pour Kinshasa, marqué par l’échec des négociations de Luanda concernant la situation dans l’est de la RDC. Face à la recrudescence des affrontements avec le M23, soutenu par le Rwanda, Félix Tshisekedi cherche à mobiliser ses alliés régionaux. Au Burundi, le président congolais aurait demandé la réactivation des bataillons burundais déployés au Nord et Sud-Kivu sous l’égide de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), mais inactifs depuis plusieurs mois.
Depuis août 2023, Gitega s’est imposé comme un partenaire stratégique de Kinshasa. Le Burundi avait alors envoyé près d’une dizaine de bataillons pour participer aux opérations contre les forces du M23. Ce soutien militaire, bien que discret, avait permis de freiner l’avancée des rebelles dans certaines zones stratégiques. La coopération entre les deux pays se situe également dans un cadre plus large, sous la supervision des mécanismes régionaux visant à stabiliser la région des Grands Lacs.
La démarche de Félix Tshisekedi fait suite à l’impasse des pourparlers organisés à Luanda, où les discussions n’ont pas permis d’aboutir à un consensus avec le Rwanda. Cette situation a poussé le président congolais à intensifier ses efforts diplomatiques avec ses voisins. Avant sa visite au Burundi, Tshisekedi s’était rendu au Congo-Brazzaville pour rencontrer Denis Sassou-Nguesso, renforçant une approche régionale face à la crise.
La réactivation des bataillons burundais pourrait être un tournant dans les efforts de reconquête menés par les FARDC dans le Nord-Kivu. Les forces congolaises peinent à reprendre certains secteurs contrôlés par le M23. Une aide active du Burundi pourrait non seulement renforcer la position militaire de Kinshasa, mais également envoyer un signal fort à Kigali, accusé de soutenir les rebelles.
Cette série de déplacements diplomatiques met en lumière la volonté de Félix Tshisekedi de consolider un front uni contre l’instabilité dans l’est de la RDC. Cependant, l’absence de déclarations officielles et la discrétion entourant ces visites suscitent des interrogations sur les réels engagements obtenus. Tandis que la situation sur le terrain reste critique, l’issue de cette approche régionale demeure incertaine.