Les combats intenses entre l’armée congolaise et la rébellion du M23 dans le territoire de Masisi, dans la province du Nord-Kivu, ont entraîné le déplacement de plus de 100.000 personnes en l’espace de quelques jours. Ces violences, survenues entre le 1er et le 3 janvier 2025, marquent une nouvelle escalade dans un conflit qui continue de ravager l’est de la République démocratique du Congo.
Samedi dernier, la rébellion du M23 a pris le contrôle de Masisi, une localité clé située à environ 80 km au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu. Ce territoire, abritant environ 40.000 habitants, était déjà marqué par des tensions croissantes. Bien qu’un calme relatif ait été observé le dimanche suivant, permettant à certaines familles de regagner leurs foyers, la situation humanitaire reste extrêmement précaire, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Depuis plusieurs années, l’est de la RDC est le théâtre de violences récurrentes impliquant des groupes armés non étatiques. Le M23, accusé de recevoir un soutien du Rwanda voisin, est l’un des principaux acteurs de ces troubles. Les tensions entre Kinshasa et Kigali ont ravivé des différends historiques, exacerbant l’instabilité dans la région et compliquant les efforts de médiation.
En décembre dernier, une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, organisée par l’Angola, avait suscité l’espoir d’un apaisement. Cependant, les récents événements à Masisi démontrent la fragilité des accords diplomatiques face à des réalités militaires et humanitaires complexes. Les humanitaires craignent que la poursuite des affrontements n’aggrave davantage une crise déjà catastrophique, avec plus de 600.000 déplacés recensés dans la région fin novembre 2024.
L’afflux massif de déplacés exerce une pression insoutenable sur les ressources locales et humanitaires. Masisi, déjà surchargée par les vagues précédentes de déplacés, est confrontée à des pénuries de vivres, d’eau et d’abris. Les acteurs humanitaires, présents sur le terrain, appellent à une mobilisation internationale urgente pour répondre aux besoins croissants des populations affectées.
Outre les défis internes, ce conflit risque d’avoir des répercussions régionales. Le rôle allégué du Rwanda dans le soutien au M23 accentue les tensions diplomatiques, menaçant la stabilité de l’ensemble de la région des Grands Lacs. Sans une réponse politique et humanitaire coordonnée, les perspectives de paix durable en RDC restent minces, alors que les populations civiles continuent de payer le prix de cette guerre interminable.