Le Rassemblement national (RN), parti dirigé par Marine Le Pen, a obtenu 33 présidences de groupes d’amitié à l’Assemblée nationale française, dont 14 concernent des pays africains. Cette avancée marque une percée stratégique majeure pour le RN, notamment dans ses relations avec le continent africain.
Parmi les groupes d’amitié franco-africains désormais présidés par le RN, on retrouve ceux liés à des pays influents comme la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Niger ou encore la Mauritanie. La présidence de ces groupes offre au parti d’extrême droite des opportunités pour renforcer ses réseaux diplomatiques et économiques avec le continent. En accédant à ces postes convoités, le RN s’assure une influence accrue dans les relations entre la France et plusieurs nations africaines.
Les groupes d’amitié parlementaires jouent un rôle clé dans la diplomatie parlementaire française. Ils permettent aux députés de tisser des liens privilégiés avec des homologues étrangers et des acteurs économiques et culturels. Historiquement, ces groupes ont souvent été présidés par des élus proches des majorités gouvernementales ou des partis traditionnellement engagés en Afrique. L’arrivée du RN à la tête de ces groupes représente une rupture, symbolisant son ambition d’élargir son champ d’influence politique.
Pour Jean-Yves Camus, co-directeur de l’Observatoire des radicalités politiques, la prise de contrôle de ces groupes d’amitié par le RN pourrait avoir des implications stratégiques. Le cas du Maroc illustre particulièrement cet enjeu : le RN privilégie des relations étroites avec Rabat, notamment sur des questions sensibles comme le Sahara occidental. Cette dynamique pourrait influencer les priorités diplomatiques françaises vis-à-vis de l’Afrique, en accentuant le rôle du RN dans la définition de certains axes stratégiques.
Au-delà des relations diplomatiques, ces groupes offrent au RN une plateforme pour légitimer et renforcer sa position politique à l’international. En publiant des rapports officiels et en organisant des délégations, ces groupes permettent au parti de s’inscrire dans des réseaux institutionnels souvent inaccessibles. Cette évolution témoigne d’une stratégie réfléchie visant à redorer l’image du RN auprès des élites africaines et françaises.
Certains observateurs rappellent que cette nouvelle position du RN suscite des inquiétudes. En Afrique, la formation d’extrême droite est encore marquée par un passé controversé, notamment les discours anti-immigration de ses dirigeants. Toutefois, pour des pays comme la Guinée équatoriale ou le Gabon, habitués à des relations pragmatiques, cette évolution pourrait être perçue comme une opportunité de dialogue renforcé avec un acteur politique français émergent.