La Sierra Leone est plongée dans une crise diplomatique inédite après la découverte de 13 kilos de cocaïne dans un véhicule officiel de son ambassade à Conakry. Ce scandale, révélé par les autorités guinéennes, a conduit Freetown à rappeler immédiatement son ambassadeur Almamy Bangura et le chef de la chancellerie, Albert Josiah Coker, pour des explications.
Le véhicule incriminé, intercepté le 31 décembre, avait quitté la Sierra Leone muni d’un laissez-passer diplomatique, transportant également 2 000 dollars en espèces. Si l’enquête n’a pas encore établi de lien direct avec l’ambassadeur, cet incident soulève des questions sur les failles de sécurité au sein des institutions diplomatiques de Freetown. Les autorités sierra-léonaises ont promis des sanctions exemplaires, quel que soit le statut des responsables.
Cette affaire met en lumière un problème récurrent en Afrique de l’Ouest, devenue depuis 2019 une plaque tournante pour les narcotrafiquants. Plus de 126 tonnes de cocaïne ont été saisies dans la région ces dernières années. En Sierra Leone, le président Julius Maada Bio avait déjà qualifié la consommation de drogues d’« urgence nationale » en 2023, appelant à des mesures radicales contre ce fléau.
Malgré l’ampleur de l’affaire, Freetown et Conakry ont tenu à préserver leurs relations bilatérales. Selon le ministre sierra-léonais de l’Information, Chernor Bah, les discussions restent ouvertes entre les deux pays pour élucider l’affaire. Ce dernier a réaffirmé l’engagement de son gouvernement dans la lutte contre les stupéfiants, insistant sur la nécessité de coopération régionale.
L’enquête devra clarifier plusieurs zones d’ombre : l’identité du deuxième occupant du véhicule, les raisons de son itinéraire suspect et la manière dont une telle cargaison a pu passer les contrôles sans alerte. Ces éléments sont cruciaux pour comprendre l’implication éventuelle de l’ambassade dans ce réseau de trafic.
Ce scandale met à rude épreuve l’image de la Sierra Leone sur la scène internationale. Si le pays prône une tolérance zéro face au trafic de drogue, cette affaire révèle des défaillances structurelles. La gestion de cette crise sera déterminante pour réaffirmer l’intégrité des institutions sierra-léonaises et restaurer la confiance avec ses partenaires.