Le Rwanda s’oppose fermement à l’extension du corridor ferroviaire de Lobito jusqu’à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), un projet initialement soutenu par les États-Unis. Malgré les efforts diplomatiques de Washington, Kigali a refusé de soutenir cette initiative, compromettant ainsi l’ambition de relier l’Atlantique aux zones stratégiques de l’est congolais.
Le corridor de Lobito, déjà opérationnel entre le sud de la RDC, la Zambie et l’Angola, devait bénéficier d’un embranchement reliant l’est congolais, région riche en minerais. Washington a proposé des incitations pour un accord entre les parties, mais selon Molly Phee, secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, le Rwanda a préféré s’en éloigner, invoquant des réserves stratégiques. Kigali a même boycotté le sommet de Luanda en décembre, un geste significatif dans le contexte des tensions régionales.
Le désaccord autour du projet s’inscrit dans un cadre de tensions exacerbées entre Kigali et Kinshasa. La persistance des activités du groupe armé FDLR, composé d’anciens responsables du génocide rwandais et actif dans l’est de la RDC, alimente les conflits. Molly Phee a rappelé que l’engagement du Congo à neutraliser les FDLR était une condition préalable au succès du projet, une attente que Kinshasa n’aurait pas remplie selon les États-Unis.
Le retrait du Rwanda de ce projet ferroviaire est perçu comme un frein aux espoirs de stabilisation dans l’est de la RDC. La diplomate américaine a souligné que les gains récents du M23, soutenus par Kigali selon plusieurs observateurs, éloignent davantage la perspective d’un accord de paix durable. Les États-Unis, de leur côté, envisagent de reconfigurer leur approche face à ces blocages.
Le désaccord sur l’extension du corridor illustre des priorités divergentes. Alors que Washington s’efforce de promouvoir des infrastructures régionales pour stimuler le commerce et l’intégration, Kigali semble privilégier ses préoccupations sécuritaires et stratégiques face aux groupes armés. Ce décalage complique les efforts diplomatiques américains dans une région déjà marquée par des défis multiples.
Molly Phee a également évoqué le rôle des États-Unis dans d’autres dossiers africains, notamment en Éthiopie, où Washington s’est impliqué dans la résolution du conflit au Tigré. Si elle s’est félicitée des avancées dans cette région, elle a critiqué les abus commis dans les zones d’Amhara et d’Oromia. Ces prises de position montrent la difficulté pour les États-Unis de concilier diplomatie, stabilité régionale et relations bilatérales tendues, comme celles entre Kigali et Kinshasa.