Le Chama Cha Mapinduzi (CCM), parti au pouvoir en Tanzanie, a désigné à l’unanimité, ce dimanche 19 janvier, la présidente Samia Suluhu Hassan comme candidate officielle à sa réélection. Cette décision intervient en vue des élections générales prévues pour octobre prochain, marquant ainsi une nouvelle étape dans le paysage politique tanzanien.
Samia Suluhu Hassan, qui a accédé au pouvoir en mars 2021 après le décès soudain de son prédécesseur John Magufuli, a marqué ses débuts par des réformes perçues comme des signes d’ouverture. Elle avait autorisé la réapparition de médias interdits sous Magufuli, connu pour son autoritarisme. Cependant, ses opposants l’accusent récemment de renouer avec certaines pratiques répressives, telles que les arrestations arbitraires et les disparitions forcées.
L’annonce de sa candidature survient après une assemblée générale extraordinaire du CCM, où les membres ont également validé la reconduction du président de Zanzibar, Hussein Ali Mwinyi. Ce climat politique tendu est marqué par la pression constante de l’opposition, notamment du principal parti Chadema, qui exige des réformes électorales. En novembre dernier, Chadema avait dénoncé des fraudes lors des élections locales, affirmant que le CCM manipule régulièrement les résultats en sa faveur.
Malgré les critiques, Samia Suluhu Hassan a mis en avant le bilan de son mandat, promettant de poursuivre ses efforts pour le développement du pays. Lors de son discours de clôture, elle a appelé à l’unité nationale face aux échéances électorales, affirmant vouloir « accomplir davantage » si elle était réélue. Toutefois, son gouvernement devra répondre aux attentes croissantes de réformes démocratiques et apaiser les tensions avec une opposition déterminée à se faire entendre.
La présidente du parti ACT Wazalendo, Dorothy Semu, a déjà annoncé son intention de défier Samia Suluhu Hassan en octobre, tandis que Chadema prévoit d’élire son nouveau dirigeant dans les jours à venir. Mais ces efforts risquent d’être entravés par un système électoral jugé favorable au parti au pouvoir, une problématique régulièrement mise en avant par l’opposition sans obtenir de réponse concrète.
Le scrutin présidentiel d’octobre s’annonce crucial pour l’avenir politique de la Tanzanie. Si le CCM mise sur son unité et son bilan pour conserver le pouvoir, l’opposition entend mobiliser autour de la question des réformes électorales. Ce bras de fer, qui s’inscrit dans une histoire politique marquée par le monopole du CCM, déterminera si la Tanzanie opte pour une continuité ou amorce un changement de cap démocratique.