Le 17 janvier 2025, Samuel Eto’o, président de la Fédération camerounaise de football et icône nationale, s’est vu attribuer un prestigieux titre traditionnel lors d’une cérémonie à Douala. Décernée par le chef traditionnel de la région du Nord-Ouest, cette distinction, censée refléter la plus haute dignité honorifique, a rapidement provoqué un tollé.
Quelques heures après la diffusion des images de l’ancien capitaine des Lions Indomptables arborant ses nouveaux attributs, la House of Chiefs, regroupant les chefs traditionnels du Nord-Ouest, a publié un communiqué. Signé par Fon Yakum Kevin Teuvih, ce texte dénonce une désignation qu’il qualifie de « non consensuelle » et « contraire aux artefacts traditionnels ». Les chefs rappellent que seul le président Paul Biya peut légitimement porter le titre de « Fon des Fons », ou « chef des chefs ».
Au Cameroun, les titres traditionnels sont étroitement liés aux équilibres politiques et à l’identité culturelle. Dans les régions anglophones, marquées par des tensions sociopolitiques, ces distinctions prennent une importance particulière. Cette controverse s’inscrit dans un climat où chaque geste est minutieusement scruté, amplifié par les réseaux sociaux et les rivalités entre institutions.
Face à l’ampleur de la polémique, le Fon Koshin, initiateur de la cérémonie, a tenté de calmer les esprits. Il a expliqué que le titre accordé à Samuel Eto’o n’était valable que dans son village et ne représentait pas toutes les chefferies du Nord-Ouest. Selon lui, Eto’o aurait simplement été désigné comme son « messager », sans intention de le hisser au rang suprême de la noblesse traditionnelle.
Malgré la controverse, de nombreux Camerounais, particulièrement les fans de l’ancien attaquant, considèrent cette distinction comme un hommage mérité à une figure emblématique du pays. Pour eux, Eto’o continue de transcender les clivages sociaux et régionaux grâce à ses accomplissements sportifs et son engagement pour le développement du football local.
Cet incident met en lumière les rivalités qui subsistent entre différentes sphères d’autorité au Cameroun, notamment entre les institutions traditionnelles et politiques. Au-delà de l’aspect symbolique, cette affaire illustre les défis persistants liés à la préservation des traditions face aux interprétations modernes et à l’influence des figures médiatiques.